dimanche 10 janvier 2016

Club de lecture - L'école des films

Par Josée

L'autofiction et le récit sont des genres littéraires très adaptés à nos vies modernes, je les pratique moi-même beaucoup dans mon écriture. On dit souvent que les écrivains inventent leurs histoires en partant d'eux-même surtout dans leurs premières œuvres, on dit même qu'elles sont un peu autobiographiques. Avec la fréquentation des réseaux sociaux, on ne s'en cache plus et certains laissent planer un aura mystérieux entre le vrai et le faux.

C'était la façon de faire de la merveilleuse Nelly Arcan, combien talentueuse et qui nous a quitté trop tôt. Ce jeu avec la vérité transparaissait dans son écriture authentique mais il l'aura aussi encarcané dans les journaux à potins laissant derrière elle un petit ricanement par ceux qui n'avait pas pris la peine de la lire, parce que Nelly Arcan écrivait avec virtuosité et n'eût été de ses choix douloureux de septembre 2009, elle aurait été promis à une très grande carrière. Malheureusement elle aura été une étoile filante.

Mais mon véritable coup de foudre pour ce genre d'écriture vient sans conteste de la lecture de l'oeuvre d'Annie Ernaux. Après "L'autre fille" et "Les années" j'ai été happé au point d'acheter "Écrire la vie" de la collection Quatro chez Gallimard, un recueil qui comprend la plupart de ses écrits. Quelle grande amoureuse dans "Se perdre"! C'est une écriture sans pudeur, pourtant on s'y reconnait, même si l'on a pas vécu la vie d'Annie Ernaux, on devient Annie Ernaux, modifiant ses expériences de la vie pour les adapter aux nôtres. 

Revenons au club de lecture, puisqu'il est aujourd'hui question de "L'école des films" de David Gilmor, pas le guitariste de Pink Floyd mais bien l'auteur torontois. Ancien critique de cinéma  et animateur télé notamment pour la CBC, il enseigne également la littérature à l'Université de Toronto.

Si vous aimez le cinéma, vous ne pourrez pas ouvrir ce livre sans avoir envie de voir ou de revoir les classiques du 7e art, parce que c'est de la transmission de cet amour qu'il est ici question, comme un lègue de père en fils. Si vous êtes un parent et si en plus vous avez accompagné votre enfant dans la dure réalité qui l'a mené de l'adolescence à la vie adulte, vous comprendrez que c'est beaucoup plus que cela. C'est cette peine ressentie à voir son enfant traverser ses premiers chagrins d'amour et de réaliser que qu'il devrait lui même faire l'expérience de la guérison par le temps. C'est de devoir rester neutre et d'accepter ses choix qui ne sont pas nécessairement les nôtres. 
"Je me souviens de ma dernière entrevue avec David Cronenberg au cours de laquelle j'ai fait l'observation un peu lugubre qu'élever des enfants était une série d'adieux, l'un après l'autre, adieu aux couches puis aux habits de neige et puis finalement à l'enfant lui même. "Ils passent leurs jeunes vies à nous laisser", disais-je quand Cronenberg, qui a lui-même des enfants adultes m'a interrompu. "Oui, mais est-ce qu'ils nous quittent jamais vraiment?" "

Je ne peux que recommander ce livre qui réchauffera votre coeur et à vous souhaitez par le même occasion, bon cinéma.


Titre original: Film club
Traduit de l'anglais (Canada) par Sophie Cardinal-Corriveau
Éditeur: Bibliothèque québecoise
Récit
*** 1/2
N'oubliez pas de laisser vos commentaires si vous avez lu le livre.




Le 24 janvier, nous parlerons du Cahier rouge de Michel Tremblay.

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