samedi 28 février 2015

Sex and the city montréalais

Par Josée

Depuis presque dix ans, nous nous réunissons pour bruncher, un espèce de sex in the city montréalais, bien peut-être pas aussi sexy mais bon, nous sommes quatre femmes, et sommes ensemble devenues des femmes mûres. Quatre femmes différentes au niveau culturel, familial, académique et économique et pourtant si semblables.

Dans la dernière décennie, nous avons discuté des hommes: ceux qui nous plaisaient ceux que l'on trouvait cons, ceux qui étaient nos amants ou que nous souhaitions qu'ils le deviennent, de notre envie d'abandonner le jeu de la séduction ou de s'y relancer, encore un fois... Nous avons voyagé ensemble ou par procuration en écoutant l'une de nous raconter les siens. 

Nous avons écouté et sympathisé, sans jugement, lorsque l'une d'entre nous était malade, avait des problèmes au travail ou des problèmes d'habitation. Nous avons discuté alimentation, mode, cinéma, théâtre...

Nous avons découvert des restaurants aux quatre coins de Montréal. Il est vrai que ces brunchs n'ont lieu que trois ou quatre fois par année mais à chaque fois ils sont agréables et démontrent que l'amitié et la solidarité féminine fait du bien.



vendredi 27 février 2015

Le calme après la tempête

Par Josée

(En attendant le printemps)

Le calme fut soudain brisé quand j'ouvris le téléviseur. J'avais eu besoin d'un silence de quelques heures après leur départ.  À chacune de leurs visites c'était la même chose, je me sentais de trop dans ma propre maison, c'était l'envahissement total.

Je n'arrivais pas à me concentrer sur l'écran où un comédien connu semblait de plus en plus ivre en ingurgitant shooter après shooter.  Je n'étais pas encore assez calme. Je fis d'un coup d’œil l'inventaire des dégâts  de l'ouragan.  La table du salon regorgeait d'objets hétéroclites: miettes de biscuits, vieux mouchoirs, crayons de couleurs en bois, boîtes de jus... Et au fond du couloir, un dinosaure me regardait en riant, il semblait se bidonner d'une farce que je n'avais pas comprise.

J'étouffais. J'enfilai mes vieilles pantoufles et après avoir tiré les rideaux, j'ouvris la fenêtre. Cette mise entre parenthèses de ma vie m'avais presque fait louper le début du printemps.  Les premiers crocus pointaient et bientôt la tourbe serait tachetée de vert.

Le creux de ma poche me rapporta enfin le sourire, j'y avais laissé une page du catalogue horticole, c'était l'image d'un nouveau cultivar de rosier.  Je m'assis près de la fenêtre pour mieux l’admirer et me laissai imprégner de ce petit bonheur.


jeudi 26 février 2015

Êtes-vous libre?

Par Josée

 "La seule vraie liberté qu'a l'Homme, c'est de choisir ses chaînes" Nietsche

Est-ce que votre cœur est libre de toutes attaches?
Est-ce volontaire ou êtes-vous en attente?
Si votre cœur est attaché, est-ce avec des cordes d'amour ou des chaînes de prisonnier?

Êtes-vous libre de votre temps?
Pourriez-vous partir demain vers l'inconnu?
Seriez-vous à l'aise de n'avoir comme possession qu'un petit sac à dos?
Êtes-vous esclave des objets qui vous entourent?

Êtes-vous libre de choisir l'emploi qui vous plaît?
Votre formation académique est-elle suffisante?
Pourriez-vous subir une baisse de salaire en échange d'un travail plus motivant? 

Vous sentez-vous libre d'exprimer vos opinions religieuses?
Avez-vous des convictions religieuses ou êtes-vous athée?
Avez-vous peur des fanatiques?
Pensez-vous que la liberté des uns finit où la liberté des autres commence?

Pensez-vous que l'esclavage est totalement aboli?
Croyez-vous encore à la Liberté55?
Êtes-vous persuadé de la justesse du slogan: Liberté, Égalité, Fraternité?

Payez-vous cher votre liberté?





mercredi 25 février 2015

Écrire

Par Josée

Je erre seule à la recherche du premier mot,
et me répands dans le silence.
D'où me viendront ces mots?
Est-ce que l'on me les murmurera à l'oreille
ou est-ce qu'ils sont déjà là à attendre sagement la permission de se transformer en langage?

Derrière ces mots se cachent mes émotions, mes opinions et parfois,
je me moque gentiment en empruntant la vie d'autres personnages,
schizophrène heureuse ou actrice déguisée de mes textes.

À tous les jours, je me lance sans filet,
espérant trouver un sujet qui saura vous toucher,
des histoires que je susurrerai,
des histoires qui m'habitent depuis longtemps
et qui ne souhaitent que prendre forme sous ma plume.

Je me dédouble, devient écrivaine, me mets à rêver
de surpasser ce sentiment d'imposteur,
à rêver que l'effort d'écrire se transforme en plaisir.

Et là, je couche sur le papier des mots que j'espère parlants, intrigants.
Leur assemblage en phrases les rend déjà plus forts.
Le rythme des phrases m'emporte.

Lorsque mes textes sont terminés, ils ne m'appartiennent plus.
Vous les attrapez et les faites revivre à votre façon.
La solitude n'est plus là,
il y a Moi, le texte et Vous.


Plus de 2000 pages vues

Par Josée

Nous avons mis 50 jours pour atteindre notre premier 1000 pages vues et 2 semaines pour le deuxième
Merci beaucoup de continuer à nous lire!



Heureusement février n'a que 28 jours

Par Josée

Fin février et Montréal n'a toujours pas retrouvé ses pavés et ses trottoirs secs, et ce n'est pas le seul élément étonnant de cet hiver qui n'en finit plus. Un journaliste de la Presse a relevé le défi de patiner de chez lui à Rosemont jusqu'à son lieu de travail dans le Vieux-Montréal. Un de mes collègues fait du ski de fond sur le Mont-Royal à l'heure du lunch. Moi-même, j'en peux tellement plus du froid, qu'une à deux fois par semaine, je stationne mon auto dans un stationnement intérieur pour voir apparaître sur le thermomètre PLUS 10 degré Celsius.

Et l'eau...

L'eau gelée, qui coule comme une rivière dans les rues du Plateau, immobilisant des dizaines de voitures.

L'eau polluée par le pétrole, qui prend en otage les habitants de Longueuil condamnés à étancher leur soif avec des petites bouteilles en plastique.

L'eau qui s'immobilise et devient glace dans les tuyaux de centaines de montréalais les privant d'eau pendant des jours.



C'est assurément un de ces hivers qui fera mentir
les oracles du réchauffement de la planète.


mardi 24 février 2015

La création comme chemin d'accès à l'inconscient

Par Josée

Pourquoi certains individus sont des artistes de génie?  Lou Andreas-Salomé, dans "Lettre ouverte à Freud"* tente d'expliquer cela par la psychanalyse. Je vais faire une "Jacques Languirant" de moi-même et vous faire partager cette fascinante lecture.

L'inconscient prendrait une place importante dans la création et participerait à définir la forme artistique. La facilité avec laquelle certaines personnes laisseraient émerger des éléments refoulés et s'en serviraient dans leur expression artistique, contribuerait à créer des réalités nouvelles où les freins religieux et culturels n'auraient pas lieu. Ces réalités nouvelles, différentes chez chaque individu, expliqueraient l'unicité de l'oeuvre des grands artistes. Personne ne joue du piano comme Mozart ou ne peint comme Picasso.

Il est habituellement admis, que le terme "inconscient" fait référence à une autre réalité, dissimulée aux regards, comme un théâtre où se jouerait notre existence, mais sans que nous puissions consciemment y accéder. C'est dans ce lieu, que se côtoient le refoulement de nos pulsions,  souvenirs et  désirs angoissants ou inavouables. Dans sa pratique psychanalytique, Freud utilisait le rêve pour avoir accès à l'inconscient de ses patients. Andreas-Salomé prétend que la création donne également accès à ce théâtre intérieur. 
"Ce qu'on appelle le "Talent artistique" ou le pouvoir créateur serait la transposition, dans l'oeuvre de cette contrainte dans une seconde réalité nouvellement tracée" (p.109) 
Chez l'artiste la forme et le contenu sont différents. Nous pourrions par exemple placer 20 étudiants dans un atelier de dessin avec le même modèle au centre et nous obtiendrions 20 œuvres différentes. Chaque artiste aura eu accès au même contenu mais l'interprétera différemment, selon une forme distincte. 
"L’émergence de l'inconscient dans le processus artistique est ce qui équivaut pour nous à la forme" (p.110) 
N'utilise-t-on pas l'Art dans la thérapie?  Le processus créatif permettrait de faire ressortir des événements refoulés dans son inconscient, de s'en libérer.  La création ouvre un chemin qui autrement resterait fermé, elle permet d'exprimer des plaisirs et des déplaisirs qui autrement seraient interdits.
"On pourrait dire plutôt que la création provient d'accomplissements, de la puissance avec laquelle ce qui n'est pas encore attaché à la personne est involontairement impérieusement poussé à se réaliser" (p.111)
Cependant, l'influence de la société dans la création artistique intervient comme un frein dans la finalité de l'art.  En effet, chaque artiste dans son désir de la gloire et dans son besoin de gagner de l'argent doit s'ajuster, parce que ce que l'on pourrait trouver de refoulé dans le fin fond de l'inconscient, bien que libérateur, ne plairait peut-être pas à tout le monde.

Alors, sortez: crayons, pinceaux, instruments de musique
ou tous autres outils créatifs et libérez le méchant en vous.




*Lou Andreas-Salomé (1861-1937), Lettre ouverte à Freud, Paris, 1987, Édition du Seuil



lundi 23 février 2015

La crise de la quarantaine au féminin

Par Josée

L'été dernier, j'ai été atteinte de la crise de la quarantaine au féminin.  Chez monsieur, la crise a souvent comme symptôme l'irrésistible envie de s'acheter une luxueuse voiture de sport.  Moi, j'ai acheté une mignonne Fiat 500 bleue poudre et je l'adore! Elle est vraiment toute équipée: sièges et banquettes de cuir chauffants, toit ouvrant, roues 16 pouces en aluminium avec des enjoliveurs bleus poudres et je vous passe toute la longue fiche technique. De toute façon, ce n'est pas cela qui m'intéressait quand je l'ai vu, j'ai eu le coup de foudre et je n'entendais plus ce que le vendeur disait. 

Ma Fiat est rassurante. Lorsque la température avoisine le 0 degré Celsius, elle m'informe de faire attention aux routes qui peuvent être glissantes, elle prend en charge mes appels téléphoniques, mais surtout, j'ai découvert dernièrement qu'elle était équipée d'un système Anti-Cafard d'hiver!

L'Anti-Cafard d'hiver comment cela fonctionne?

Ma belle italienne possède un environnement technologique perfectionné me permettant de brancher mon téléphone intelligent sur 7 haut-parleurs Beats.  J'ai donc crée une liste de chansons honteuses (un peu vieillottes qu'il n'est pas très ''in'' d'écouter), que je mets en lecture aléatoire.  Plus la musique est forte plus cela fonctionne. Le truc, c'est de connaître au moins 25% des paroles et de chanter à tue-tête.  Ce matin il y avait: Enzo Enzo, Kenny Rogers et Jean Leloup. À la voix, j'ajoute quelques mouvements de tête, d'épaules et aux lumières rouges, avec mes mains je deviens musicienne: percussions, piano et guitare. Il arrive souvent quand je regarde les voitures à droite et à gauche que ma folie entraîne les autres conducteurs.  J'ai aussi l'impression que les piétons marchent au rythme de mes haut-parleurs. Cela fait un bien fou et m'accroche assurément un sourire aux lèvres.


dimanche 22 février 2015

Un dimanche parfait

Par Josée

Vous vous réveillez dans les bras de votre amoureux, il est 9h30, mais ce n'est pas grave c'est dimanche.
Vous enfilez une chaude robe de chambre et regardez par la fenêtre, encore de la neige,
mais ce n'est pas grave c'est dimanche.
L'épicerie a déjà été faite et la maison est bien rangée, vous avez toute une journée à ne rien faire.

Cela sent bon le café et les crêpes que votre amoureux a préparé pour vous.
Vous vous prélassez, pas de lecture obligatoire, juste du plaisir!
Des vieilles revues à feuilletées, des recettes à imaginer.
Une journée de dolce vita

Vos oreilles frétillent sous un fond musical tout doux, calme, relaxant.
Vous vous immergez dans un bain chaud rempli de mousse au parfum florale.
Personne ne vous attend la journée vous appartient.

En après-midi avec votre amoureux, vous ouvrez une bonne bouteille de vin italien, cela vous met dans l'ambiance du prochain voyage d'été.
Vous coupez des légumes pour débuter le festin de ce soir, le grésillement de l'huile d'olive, de l'ail et des légumes exaltent un parfum qui excite vos papilles.
Dans le four cuit doucement un Osso Bucco.

Et pour vous que serait un dimanche  parfait?


Bon dimanche à tous!



samedi 21 février 2015

Fumer ou Vapoter?

Par Josée

Ce matin, j'ai déjeuné dans un restaurant sur la rue Ontario près de chez moi. Pour un 2 œufs-bacon pas cher, c'était bien correct, surtout que mon but était principalement d'avancer mes lectures de la semaine et qu'à la maison j'avais peur de procrastiner. C'est le genre de restaurant de quartier avec des habitués qui discutent, la serveuse qui parle fort et où il est impossible de ne pas entendre des bouts de conversations. Un couple dans la fin cinquantaine s'assoient derrière moi et demandent s'ils peuvent vapoter. Hier soir, j'avais justement écouté une émission des Francs-tireurs à Télé-Québec qui en parlait. J'ai même cru entendre que le mot vapoteuse était maintenant inclus dans le dictionnaire. 

C'est fou tout ce qui se fait électroniquement! Il paraît que remplacer la cigarette par la cigarette électronique est non seulement gagnant du point de vue économique, mais que les effets sur la santé se font sentir rapidement. C'est très populaire dans l’édifice où je travaille sur St-Laurent, on discute des différentes saveurs essayées, super cool! Mais la cigarette électronique n'est pas une cigarette virtuelle elle est bien réelle, et les études sur les effets secondaires sont bien souvent contradictoires. Des études japonaises et américaines disent que les effets seraient plus néfastes que la fumée de la cigarette elle-même. Pourtant, un pneumologue québécois interviewé par Benoît Dutrizac déclarait que la cigarette électronique était sans danger et que si tous les fumeurs s'y mettaient, le cancer du poumon diminuerait de façon considérable.

Ce que j'en comprends, c'est que les écarts s'expliquent principalement par le produit liquide que vous utilisez. Malheureusement, Santé Canada n'a pas encore légiféré ce type de produit. Le consommateur se doit donc d'être vigilent. N'oubliez pas que ce n'est pas tant la nicotine qui est mauvaise dans la cigarette que la très longue liste de produits autres inclus dans le petit tuyau blanc. Donc si vous remplacez la cigarette par la vapoteuse, assurez-vous de ne pas inhaler des produits aussi nocifs. 


vendredi 20 février 2015

La grande chevauchée de Guillaume Tell

Par Josée

Hier soir, mon chéri et moi avions rendez-vous avec Nagano.

Au programme:

  • Rossini, Guillaume Tell, Ouverture
  • Mendelssohn, Symphonie no 5 en ré mineur, op. 107, « Réformation »
  • Brahms, Concerto no 1 pour>piano no 1 en ré mineur, op. 15

J'ai eu un petit faible pour Rossini. Laissez-moi vous raconter ma version de l'histoire de Guillaume Tell.

Il est préférable de lire le texte en écoutant ce qui suit:



Solo de Violoncelle (de 0:00 à 3:05)
Guillaume Tell se promène en forêt, il est seul et soudain il aperçoit une belle jeune fille. Il se cache derrière un arbre pour l'observer.  Comme elle est belle! Il se met à rêver mais il est trop timide pour révéler sa présence. Il sent pourtant un léger frisson lui parcourir le dos. Elle profite de l'eau fraîche de la rivière, y trempe délicatement les pieds. "Ciel! Quelles jambes!" Les frissons parcourent maintenant tout son corps.

Les violons se joignent à la musique avec les flûtes sautillantes (de 3:06 à 3:56)
Elle se lève et se dirige vers lui, il est pétrifié car il la reconnaît: c'est la fille du Roi! Si elle continue dans cette allée elle va bientôt l’apercevoir, que doit-on faire devant une princesse?

Ajout de la plupart des instruments de l'orchestre dont la timbale (de 3:57 à 5:14)
Son cœur s'emballe cela lui ai jamais arrivé! Quoi faire! Son cœur bat si vite, il pense mourir... mourir d'amour pour la belle princesse.

Solo de flûte (de 5:15 à 5:33)
La princesse croise son regard, elle rougit.

La clarinette se joint à la flûte (de 5:34 à 7:55)
La belle princesse ressentirait-elle quelque chose pour un simple paysan comme lui?  Il lui fait la révérence et soudain, il a l'impression qu'entre eux tout est facile.  Wow! c'est comme s'il se connaissait depuis toujours. Pour sa sécurité, il lui propose de la raccompagner au château.  La pauvre avoue se sentir bien seule au palais depuis que son frère le prince s'est marié avec la duchesse Machin. Le temps en agréable compagnie passe trop vite. Les petits oiseaux chantent comme dans les contes de fées.

Les trompettes (de 7:56 à 8:08)
Ah non! voici le roi sur son cheval et il n'est pas très content.  "Hé vous là! comment osez-vous parler à ma fille!" 

Les violons (de 8:09 à 9:03)
Les chevaliers du roi descendent de leurs chevaux et arrêtent Guillaume Tell.  S'il veut survivre il devra lancer une flèche dans le cœur d'une pomme placée sur la tête de la princesse.

Une deuxième fois les violons (de 9:04 à la fin)
On installe la princesse sous un arbre et Guillaume soulève son arc, mais à la dernière minute il lance la flèche en plein coeur d'un des chevaliers du roi, saute sur le cheval de celui-ci, et ramasse la princesse pour l’asseoir derrière lui sur le cheval.  Ils partent tous les deux sans regarder derrière... 


Naturellement, ils vécurent heureux et
eurent beaucoup d'enfants 





jeudi 19 février 2015

Début d'une journée banale

Par Josée

J'ouvre à demi les yeux et ma main cherche à tâtons le bouton de mon radio-réveille.  La voix de Marie-France Bazzo se fait entendre.  C'est presque le jour de la marmotte: "Nouvelle gaffe du ministre Bolduc, avance dans les sondages de Péladeau, neige sur Montréal..."

Le chiot, entendant Marie-France, se pointe le nez au bout de mon lit et demande l'autorisation de me rejoindre pour la cérémonie du bonjour. Il tapote mon bras de sa patte, je lui flatte le dessus de la tête et là, il grattouille les draps pour s'y insérer.

Petit détour par la salle de bain où une douche chaude finit de me réveiller. Je m'habille rapidement et me rends dans la cuisine où je vide la sécheuse, tri les vêtements: petite pile pour moi, grosse pile pour l'ado. Je vide la laveuse pour remplir à nouveau la sécheuse et c'est reparti pour plusieurs minutes de rondes d'un côté et puis de rondes de l'autre côté.

Je débarrasse le lave-vaisselle et après y avoir placé les quelques assiettes qui n'avaient pas profité du lavage précédant, je remplis d'eau une tasse que je transverse ensuite dans la Keurig. J'ouvre le compartiment avant et remplace la capsule utilisée par une nouvelle. Après quelques secondes le son de l'eau qui coule se fait entendre et l'odeur de café inonde la pièce.

Je coupe en deux un muffin anglais et pendant la cuisson, je descends avec l'immense pile de vêtements de l'ado et l'avise qu'elle doit être prête d'ici une demi-heure si elle veut bénéficier du taxi bleu. Je remonte à la cuisine, remplis les bols du chien et apporte à table muffin et café.  En attendant l'ado, j'en profite pour griffonner quelques phrases supplémentaires à mon roman.

Petit brossage de dents et je m'habille chaudement pour que le chiot ait droit à sa promenade du matin. Il est toujours aussi heureux de sentir le pipi des autres chiens et d'asperger le tout de son propre pipi, question de prouver qu'il est un bon chien alpha.  Il se roule dans la nouvelle neige et finit par ressembler à un saucisson, enrubanné avec sa laisse. Arrivé à la maison aux marches de faux gazon, il retourne lui-même vers notre maison, tel un robot programmé.

J'entre à la maison et découvre que l'ado n'est pas tout à fait prête, j'ai le temps d'enfermer le chien pour la journée et d'aller déneiger la voiture, ce n'est pas très long, elle est si petite. L'ado arrive un peu pressée, son cours commence à 8h00, il est 7h52 et nous sommes encore dans Hochelag. 

Sur Ontario, nous contournons les trop nombreux cônes orange, il me semble que c'est comme cela depuis au moins trois ans. L'ado en profite pour passer du FM 95.1 à Coffee House sur satellite, c'est pas si mal comme musique du matin, pas trop stressant.  Je la dépose au Cégep du Vieux-Montréal, il est 8h10. Je branche mon cellulaire sur ma "playlist" et c'est "Vogue" de Madonna qui sort de mes haut-parleurs, c'est plus fort que moi, je chante en dodelinant de la tête.

Petite recherche de stationnement sur le Plateau, heureusement ma voiture est petite et j'arrive toujours à dénicher une place inutilisable par les grosses voitures.  Je marche sur le trottoir à peine déneigé et mes pas font cric-crac sur la neige.

Petit arrêt au café Nevé, la planque anglophone sur Rachel, où l'on me dit bonjour avec un gros accent. Derniers pas sur Rachel au son des cric-crac de mes pas, je profite de la vue sublime sur le Mont-Royal avec les petits flocons de neige. J'enregistre dans ma tête cette merveilleuse carte postale. 

Et puis là, j'ai une petite pensée pour mon amoureux, un petit sourire niais se dessine sur ma bouche. Ce soir nous avons un rendez-vous à trois: lui, moi et Nagano. 


mercredi 18 février 2015

Le mauvais bout de la lorgnette

Par Josée

Un beau matin tu te réveilles et tu as dépassé la mi-quarantaine.  Le beau petit poupon qui te regardait avec ses yeux admiratifs est désormais une grande ado qui a SA vie.  Cette mignonnette aux grands yeux noirs a tout ce qui tranquillement te file entre les doigts: la beauté de la jeunesse. À presque dix-huit ans, la vie est pleine de promesses, tout est possible. Mais elle ne le sait pas, c'est un secret bien gardé qu'elle découvrira à son tour dans vingt-cinq ans.  Ce n'est pas paradoxal? 

Si j'avais pu, à travers mes gênes, lui transmettre une partie de mon expérience et lui permettre d'entreprendre cette belle période de la vie sans avoir à apprendre de ses échecs. Le plus difficile pour une mère c'est de constater que pour le bien de son bébé, il vaut la pousser en bas du nid et la laisser s'envoler, lui permettre de trouver son propre chemin.

Puisque la mère est aussi une femme, j'aimerais bien, en échange pour quelques heures, retrouver l'attrait de la jeunesse, ce regard insistant sur moi avec lequel on ne sait jouer à dix-huit ans.  Avoir l'impression d'exister avant de retomber dans l'invisibilité de la femme mûre. 

Quand tu es ado tu as juste hâte de vieillir et, quand tu es adulte tu as la nostalgie de ta jeunesse. C'est pour cela que c’est si dur d’être sur la même longueur d’onde, on regarde la vie avec chacune un côté différent de la lorgnette.  Elle veut vieillir pour être libre mais elle ne sait pas toute la liberté qu’elle possède déjà.



Quelques citations mère-fille
"Le premier gouvernement à constater, c'est sa mère." Guy Bedos
"Le véritable amour d'une mère, c'est d'aider l'enfant à couper le cordon ombilical" Jean Gastaldi
"L'amour de ma mère pour moi était si grand que j'ai travaillé dur pour le justifier" Marc Chagall
"Depuis que les femmes travaillent, on est passé de "Merci mon Dieu, c'est vendredi, à "Merci mon Dieu, c'est lundi" Si une mère n'a jamais dit ça c'est que ses enfants n'ont pas encore atteint l'adolescence." Ann Diehl

mardi 17 février 2015

Semaine de la persévérance scolaire

Par Josée

J'adore l'école.  Je me rappelle de ma première journée assise sur la grosse roche au bord de la 138 à attendre l'autobus jaune. J'allais enfin avoir le droit d'apprendre à lire, de faire comme les grands, d'avoir mon sac d'école, mes cahiers, mes crayons. Ma mère m'avait acheté de beaux vêtements neufs, j'étais tellement fière. Et depuis, chaque mois de septembre est pour moi une fête. Je me gave de l'odeur des cahiers et des livres neufs. J'ai tellement aimé l'école que toute ma vie, j'ai collectionné les diplômes comme d'autres collections les papillons.

Il faut en venir à l'évidence, l'éducation ne fait pas le même effet à tout le monde, au Québec plus de 30 000 jeunes de 20 ans sont sans diplôme.  Parmi eux, quelques-uns y parviendront plus tard par le biais de l'éducation aux adultes, mais pour la plupart les choses s'arrêteront là. Pourtant, le niveau de scolarisation demeure un élément primordial sur la situation économique de l'individu.  Le graphique si dessous est tiré du Rapport de recherche de l'IRÉC sur l'évolution de la rémunération horaire au Québec de 1981 à 2012.  Il démontre sans conteste, l'apport positif de la diplomation et à ceci il faudrait ajouter les risques de chômage prolongé pour les travailleurs moins scolarisés.



En 2012, la population québécoise est descendue dans la rue à grands coups de casseroles. N'entendez-vous pas encore l'écho? Cependant, quand le Ministre de l'Éducation du Québec, déclare:
" Il n'y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s'empêcher de lire, parce qu'il existe déjà des livres [dans les bibliothèques]. J'aime mieux que les commissions scolaires achètent moins de livres".
Ou encore,
"Réduire le nombre d'élèves par classe au cours des dernières années, n'a pas augmenté la réussite scolaire. Par conséquent, augmenter les ratios n'aura pas d'impact sur la performances des élèves". 
Je me demande, s'il est sourd ou amnésique. 

L'Éducation est essentielle à la progression d'une société.  Le Québec est sorti de sa grande noirceur grâce à la démocratisation de l'éducation.   J'ai aimé et j'aime toujours passionnément l'école et mes parents m'ont encouragé dans ce sens. Certains enfants n'ont pas eu ma chance. Les changements technologiques récents nous demandent des ajustements constants au niveau professionnel, nous avons besoins d'une vision moderne de l'Éducation, d'un Ministre qui est prêt à se battre pour notre avenir. L'Éducation vue à court terme c'est une dépense, mais vue à long terme c'est le meilleur des investissements.   

Les Journées de la persévérance scolaire 2015
se tiendront à travers le Québec du 16 au 20 février 





À lire sur le sujet:

Amarilys Proulx, Semaine de la persévérance scolaire: cinq trucs pour aider votre enfant
Martine Desjardins, L'éducation à la petite semaine
Isabelle Pion, Persévérance scolaire: "Le courage croît lorsqu'on ose"

lundi 16 février 2015

Êtes-vous un vieux couple?

Par Josée

La fin de semaine dernière, mon chéri voulant m'impressionner pour notre première St-Valentin, m'a invitée à un brunch au Château Frontenac. C'était assurément réussi et pendant tout le repas nous avons joyeusement papoté. À la table voisine, un couple qui devait avoir notre âge n'a pas dit un mot du repas. Quelle tristesse!  

Est-ce cela un vieux couple? Sommes-nous destinés à passer
ce genre de Saint-Valentin dans 5 ans, 10 ans, 20 ans? 

J'ai déjà entendu une psychologue très connue dire que l'équilibre amoureux se constitue d'amour, de sexe et de projets communs. Briser ce triangle fragile, c'est risquer de briser le couple.  À mon avis, consentir à briser cet équilibre et rester c'est devenir un vieux couple ou du moins accepter de voir s'installer la fatigue conjugale. 

Heureusement, il y a des couples heureux qui vieillissent ensemble et lorsque cela arrive c'est tellement beau. À titre d'exemple, il y avait dans le journal de samedi l'histoire d'un couple d'amoureux mariés depuis 1934. Juste le chiffre fait tourner la tête. Ce n'est pas parce que l'on est un couple de vieux, que l'on est un vieux couple!

Puisque le sujet est bien sérieux, voici tiré de la psycho-pop des symptômes qui indiquent que l'on fait partie d'un vieux couple. Si vous répondez trop souvent oui, dépêchez-vous de mettre un peu de piquant dans votre histoire d'amour.

  1. Vous avez un courriel commun.
  2. Le "Je" a totalement laissé la place au "Nous".
  3. Vous vous adressez à votre douce moitié comme s'il s'agissait d'un enfant d'âge préscolaire.
  4. Vous vous méfiez des célibataires et ne les invitez pas à souper de peur de ne pas avoir de sujet de conversation en commun.
  5. Vous parlez de votre amoureux à la troisième personne même s'il est à vos côtés et celui-ci se contente d'acquiescer. 
  6. Vous surveillez sa consommation d'alcool ou ce qu'il mange.
  7. Vous avez un animal de compagnie que vous appelez mon garçon (ou ma fille) et vous lui dites régulièrement: "Viens voir papa" ou "Viens voir maman".  Encore mieux, vous pratiquez le co-dodo à trois.
  8. Vous avez deux télés de sorte que n'avez plus à vous entendre sur le choix du programme.
  9. Vous dormez durant vos siestes.
  10. La fin de semaine est devenue pour vous synonyme de ménage et de courses.


vendredi 13 février 2015

Vendredi 13, mon amour

Par Josée

Il ne faut pas être superstitieux pour partir en voyage d'amoureux un vendredi 13! Non mais si c'était vrai et que nous n'arrivons pas à célébrer la Saint-Valentin!

Pourquoi cet aura de malheur sur ce
treizième jour du mois qui tombe un vendredi?

  • On  dit que c'est un vendredi 13 que Adam et Ève ont croqué dans la pomme.
  • Que la dernière Cène du Christ s'est déroulée la veille d'un vendredi 13. Et qu'ils étaient 13 convives ( le Christ et les 12 apôtres)
  • Selon le code Da Vince, le dernier des maîtres Templiers aurait été arrêté le vendredi 13 octobre 1307.

D'autres personnes considèrent le vendredi 13 comme chanceux et prennent plusieurs billets de loterie.

Passerez-vous sous une échelle aujourd'hui?


jeudi 12 février 2015

Maman c'est quoi l'austérité?

Par Josée

C'est la question que m'a posée mon ado sur le chemin du Cégep.  Heureusement que les routes étaient enneigées.

- L'austérité est un mot pas mal à la mode de ce temps-ci et dépendamment que tu sois riche ou pauvre la définition peut varier.  
Pour les plus riches c'est la hausse des impôts, alors que pour les pauvres c'est la réduction des services publics.  Je dirais que dans la réalité, c'est une combinaison des deux.
On va prendre un exemple:
Une famille gagne 3000$ par mois mais elle en dépense 3500$. Penses-tu que cela va fonctionner longtemps?
-Ben non, ils vont manquer d'argent.
-Ça dépend, peut-être que la famille a un gros cochon, et qu'à chaque mois elle pige 500$ dedans, si le cochon est gros il se peut que cela dure longtemps.  Par contre, si la famille met 500$ sur sa carte de crédit à tous les mois, il se pourrait qu'elle finisse par avoir des problèmes. Dans ce cas-là qu'est-ce qu'il faudrait faire?
-Ben il faut couper les dépenses.
-Mais si je te dis que le 500$ de trop c'est la facture d'épicerie. Faudrait-il trouver un emploi plus payant?
-C'est pas évident.
-En effet.  Maintenant disons que tu es le gouvernement, c'est encore plus compliqué parce que tu gères pas seulement tes revenues et tes dépenses mais tu as un pouvoir sur les revenus et les dépenses de toute la population du Québec. Si tu augmentes trop les impôts cela pourrait casser l'élastique et les riches pourraient déménager, les entreprises pourraient mettre à pied des employés, les pauvres pourraient se décourager et trouver plus payant d'être bénéficiaires de l'aide sociale ou de travailler au noir.  
Résultat: une hausse d'impôt pourrait rapporter moins d'argent.
-Outch...
-Maintenant disons que tu coupes les dépenses dans la santé.  La santé des gens qui attendent trop longtemps les services pourraient se détériorer et les services dont ils auraient alors besoin coûteraient encore plus cher.  
Résultat: une baisse des services augmente les dépenses.
-C'est compliqué
-Allez! Vas étudier, tu vas en avoir besoin pour payer tes impôts.
-Maman, t'aurais pas 20$, j'ai oublié mon lunch... 


Jonathan Trudel, "Le Québec, un champion mondial de l'austérité, L'actualité, 11 février 2015

Brigitte Breton,"C'est ça, l'austérité? Allô la terre", le Soleil, 12 février 2015

mercredi 11 février 2015

Quand hiver rime avec misère

Par Josée

Vous vous réveillez un matin et en écho de votre sommeil, madame météo annonce -20 degrés Celsius. Juste l'idée de devoir sortir pour vous rendre au bureau vous donne un léger frisson dans le dos, alors vous remontez votre couette sous votre nez et vous vous accordez cinq minutes supplémentaires dans ce doux cocon. 

Lui, il n'a presque pas dormi.  Il a marché et si par bonheur quelqu'un lui a remis un peu de monnaie, il s'est réchauffé en buvant un café au restaurant du coin. Il y serait bien resté plus longtemps, mais les gens comme lui sont des parias et leur odeur fait fuir les clients, alors on l'invite à boire rapidement. Il a encore marché, à la recherche d'un abri contre le vent froid. Il s'est enveloppé dans un vieux sac de couchage et a espéré que ses quelques dents cessent de claquer.  Il s'est aussi questionné sur ce qui serait le mieux: se réveiller ou pas.

    





mardi 10 février 2015

Plus de 1000 pages vues!

Par Josée

Merci d'être de plus en plus nombreux à fréquenter ce blogue. Cela me donne envie d'écrire!

Les soupirs de Simon Soucy

Par Josée

(En prélude à la Saint-Valentin)

Soudain le soir tomba et le sifflement d'un soupir se fit entendre.
Il se retrouva seul dans le silence de sa Suzuki Swift couleur citron.
Six semaines le séparaient de sa sensuelle Sophie.
Le songe de son sourire s’inscrit soudainement dans son souvenir.
Ce samedi seize septembre, il saurait si elle serait sienne.

C'est en sirotant sa sirupeuse sangria sur le bord du Saint-Laurent,
qu'il lui avait susurré ces simples mots:
"Si tu savais comme je suis séduit Sophie Sicotte"

La svelte Sophie avait souri et s'était servi
une salade, des saucisses et du Saint-Paulin.
"Simon Soucy, serais-tu sagittaire, tu me semble sage et spirituel"
dit-elle en secouant sa somptueuse tignasse rousse.

C'est six cent kilomètres qu'il fit sans s'arrêter pour souffler,
en mangeant des sandwichs et en savourant du Seven-Up,
Mais la sexy Sophie valait bien cette saga.

En arrivant à l'hôtel St-Sulpice de St-Sauveur,
Sébastien St-Cyr le salua et l'invita à boire une cinquante.
"Comment ça se passe Simon?"
"Je suis là pour surprendre Sophie"
"Pauvre Simon, c'est sans espoir, ta Sophie s'envole ce soir pour San Diego.
C'est sous le soleil du sud qu'elle et Salvador Sanchez
échangeront des promesses solennelles. Elle aspirait à plus qu'une vie de sacrifices.
Elle désirait de la salsa, de la sangria et de la passion."

Simon sans voix se sentit soudain peu sociable et souhaita la solitude.
Le cœur saccagé, il sortit du St-Sulpice de Saint-Sauveur.
Il embarqua dans sa Suzuki Swift couleur citron,
et refit les six cent bornes dans l'autre sens sans sa Sophie.




L'amour brise parfois des coeurs. Cliquez ici pour voir un exemple de persévérance.

lundi 9 février 2015

Le Barbier d'Hochelaga

Par Josée

En fin de semaine, j'avais besoin de rafraîchir ma coiffure, mais pas de rendez-vous. Mon chéri m'a convaincu d'utiliser les services de la coiffeuse voisine de son barbier, de cette façon nous pourrions tous les deux commencer la journée sous les ciseaux et plus rapidement aller patiner. L'idée était bonne et j'ai bien aimé ma nouvelle amie. Comme j'ai terminé la première, j'en ai profité pour mettre le pied dans ce dernier bastion masculin. 

Chez Michel le Barbier, il n'y a qu'une antique chaise de coiffeur, où on s'assoit à tour de rôle. Curieusement, le client n'est pas tourné vers le miroir mais vers les autres hommes, de cette façon, tout le monde peut participer à la discussion. Sur les murs j'observe une photo qui évoque le passé du barbier, même coupe, même moustache, seule la couleur plus foncée indique le passage du temps. Et puis, dans un coin, une trace féminine datée. Malgré la froideur de l'hiver, l'ingénue dans une pose suggestive porte une tenue légère.

À mon arrivé, mon homme bombe le torse et me présente. J'ai l'impression que soudain, le niveau de langage change et que j'ai surpris ces messieurs dans leur univers interdit aux dames.
"Nous parlions de poules"
"Ah oui? C'est donc ce qui explique ce silence à mon arrivée"
"Non, tu comprends pas. Richard à une ferme et un renard est entré dans le poulailler"
Les hommes se mettent à rire et la conversation peut reprendre malgré ma présence.  J'apprends que Richard est un gars du quartier, qu'il a fait les quatre cent coups et puis qu'un jour, il est parti et s'est acheté une fermette près de Québec. Celui-ci est cependant resté comme les autres, un fidèle de Michel le Barbier.  Fréquemment, il vient faire son tour dans le quartier, visiter ses sœurs et prendre des nouvelles en s'assoyant dans la chaise antique.  





vendredi 6 février 2015

À la mémoire de Radil Hebrich

Par Josée

Cette semaine, deux faits divers mis en parallèle me font m'interroger sur la nature humaine.

Samedi, 31 janvier 2015

Des habitants de Saint-Ignace-Loyola ont vu un chien à la dérive sur le Fleuve St-Laurent. Cette information a rapidement transité par les réseaux sociaux et la mairie de Sorel-Tracy a été inondée d'appels. Sur le site de Radio-Canada, on rapporte les propos du maire Serge Péloquin:
"Des personnes ont appelé de tout le Québec et même des États-Unis pour demander aux pompiers de Sorel-Tracy d'intervenir.  Des internautes d'aussi loin que la France et de l'Écosse s'en sont pris également à la Garde côtière canadienne pour lui reprochant son inaction.  Les services 911 ont aussi reçu des appels."

Jeudi, 5 février 2015

Le Coroner Jacques Ramsay rend public son rapport concernant la mort de Radil Hebrich survenue le 17 janvier 2014 à Montréal. Monsieur Hebrich était âgé de 59 ans. En fouillant sur le net, on apprend de lui qu'il était issu d'une riche famille algérienne et qu'il aurait eu une brillante carrière d'architecte dans son pays d'origine. Qu'il aurait, au début des années 2000, avec sa femme et ses deux enfants, décidé d'immigrer au Québec. Que jamais il n'aurait trouvé d'emploi à la mesure de ses compétences. Est-ce que cette déchéance sociale et économique aurait contribué à l'éclatement de sa famille? Voilà plusieurs suppositions. Une chose est certaine, cet homme a un jour compté pour quelqu'un.

Le 16 janvier 2014, Radil Hebrich était dans un état d'ébriété avancé. C'est dans ces conditions qu'il a été violemment frappé par un des wagons du métro.  

Jusque-là c'est une triste nouvelle, comme il en arrive trop souvent dans la métropole. Mais voilà, personne ne lui vient en aide.  Trois autres métros partiront de la station Langelier sans que personne ne prête attention à cet homme. Seize longues minutes avant que quelqu'un s'approche de lui ne serait-ce que par compassion. Pas un seul opérateur du métro ou un autre utilisateur du transport en commun ne prêtera secours à cet Être humain en détresse.

Radil Hebrich a succombé à ses blessures quelques heures plus tard après avoir été conduit à l’hôpital.

Radil Herbich

jeudi 5 février 2015

Fortissimo et Staccato

Par Josée

J'ai souvent l'impression que moi et mon ado vivons à des rythmes différents. Elle c'est Adagio et moi Allegro, difficile d'obtenir l'harmonie avant le deuxième café. 

À chaque matin, le concert est cacophonique et très loin de ceux de la maison symphonique. Je me transforme en Kent Nagano, les baguettes dans les airs:
"Attention! Fortissimo et Staccato... Vite, vite, vite lèves-toi sinon tu vas être en retard!" 

Et l'ado tente quelques onomatopées:
"Ehhh...ahhh, laissssse moooiiii trannnnquilllle jeee mmmeee lèvvvve lààààààà..." 

Après quelques minutes, puisque personne ne suit le tempo, Nagano donne quelques coups de baguettes sur la porte et recommence:
"Attention! Fortissimo et Staccato..." 

La musique est-elle générationnelle? Cela expliquerait les visages endormis dans le métro et la grande fatigue des femmes pré-ménopausées.


mercredi 4 février 2015

Maman, j'ai un tatou.

Par Josée

Je me doutais bien que cela arriverait un jour. Elle en était fascinée depuis très longtemps.  Tout d'abord il y a eu deux petits textes discrets qui ne m'avaient pas trop troublée, mais cette fois-ci, c'est du sérieux. Mon ado s'est fait tatouer un gros bélier sur le bras gauche. J'avoue qu'il a l'air sympathique et qu'il est bien exécuté, mais l'aspect définitif de la chose me donne le vertige. Ce dessin est un engagement irrévocable et le choix du motif n'est pas à prendre à la légère.

Je ne comprends pas bien et mon côté rationnel a besoin de savoir 

L'art du tatouage remonte à la nuit des temps.  En 1991, une expédition française a découvert un chasseur congelé parfaitement conservé, dont la mort remontait à plus de 5000 ans. Celui-ci affichait des tatouages dans son dos et sur ses genoux. Certaines momies égyptiennes bien conservées dans leurs sarcophages en portaient également (les fiancées de la mort). 

Pour sa part, la civilisation romaine bannissait toutes marques sur le corps, sauf comme signe distinctif pour les criminels. Peu à peu, les soldats romains commencèrent à le faire, créant même une nouvelle mode symbolisant le courage. Certains des premiers Chrétiens, quant à eux, se tatouaient de petites croix à l'intérieur du poignet. Cependant, la découverte de ces marques pouvait leur coûter cher puisque le christianisme était alors synonyme de condamnation à mort.

Pendant la Guerre Sainte et les Croisades du Xe et XIe siècle, les combattants portaient la croix de Jérusalem en tatouage. Ils craignaient la mort et ce symbole leur permettait d'espérer d'être enterrés selon leur religion.

La machine à tatouer fut inventée en 1891 à New-York, donnant un essor au phénomène et le rendant plus commercial. À partir de ce moment, des studios de tatouage se mirent à ouvrir dans toutes les grandes villes américaines. Néanmoins, jusqu'aux années 50, le tatouage demeurent l’apanage des marginaux.

Avec le temps, les raisons de se faire tatouer ont évolué et se sont diversifiées et cette pratique est maintenant surtout vue comme une forme d'art. Pour certains, ce peut être une façon de rendre hommage à ses croyances religieuses ou d'exprimer sa façon de voir la vie. Pour d'autres, cela peut servir à se rappeler un passage important de sa vie ou encore agir comme un motivateur. Fondamentalement, le tatouage est une façon de s'approprier ce corps qui est le nôtre, comme on décor son chez soi à sa façon. 



Pour en savoir plus:
L'Art du tatoo : L'histoire du tatouage à travers les ages - Tattoo LifeStyle
CECI EST MON CORPS - Le tatouage un rituel contemporain
France 5 "Allo docteur" reportage sur l'Ecole Française de Tatouage




dimanche 1 février 2015

Mon meilleur ami

Par Josée

Petite fille, j'étais plutôt indifférente aux chiens. Je préférais les chats, ils étaient doux, très mignons, surtout les bébés. Je trouvais rigolo de les regarder jouer ou étendus de tout leur long sous une tache de soleil. Puis, leur grande indépendance convenait très bien à ma personnalité. Vers l'âge de 10 ans, j'ai fait une mauvaise rencontre, un immense chien noir qui sortit d'une niche de façon imprévue. Heureusement que le méchant était attaché,  j'ai réussi en rampant à sortir de ses crocs. Cette épisode m'a marquée et pendant plusieurs années je me tenais aussi loin que possible des chiens.

Puis, il y a un peu plus de 5 ans, j'ai été convaincue par mon ado d'ajouter un membre canin à notre famille. Depuis, Lucky est avec nous, un petit Jack Russell très énergique. Il a réussi à me débarrasser de ma peur maladive des chiens. C'est un ami fidèle qui aime sans condition. Quand il me regarde avec ses grands yeux noirs, il y a entre nous une conversation à demi-silencieuse.

Il exprime sa joie d'aller se promener en sautant comme s'il avait des ressorts aux pattes. Il n'accepte de manger que lorsque nous sommes avec lui dans la cuisine. Si l'une de nous s'assoit sur le divan, il se dépêche de venir nous rejoindre. Si l'une de nous est triste ou malade, il nous tient compagnie. Lorsque qu'il se fait chicané, il baisse les oreilles en signe de soumission implorant le pardon.

Je comprends maintenant pourquoi l'on dit que le chien est le meilleur ami de l'Homme.


*Image tirée de la collection de Jeanne Pichette, artiste en art visuel