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lundi 17 août 2015

Retour au Golfe

Par Josée

Cette fin de semaine, j'ai ressorti mon sac de golf. Je n'avais pas joué depuis si longtemps que je n'arrivais plus à me rappeler quand. Deux ou trois cartes de pointage du terrain de golf du stade olympique datées de 2004 m'ont donné quelques indices. Il y avait aussi un vieux gilet en laine polaire que je pensais avoir jeté depuis plusieurs années. La poussière qui s'était accumulée sur le sac et les bâtons les avait blanchi. Alors j'ai tout sorti, tout frotté et en regarnissant mon sac, je me suis souvenue du plaisir que j'avais à jouer au golf.

Je suis embarquée dans l'auto j'ai conduit jusqu'à Granby et une fois sur place, j'ai réalisé que je ne jouerais pas seulement au golf mais que je remonterais aussi le fleuve jusqu'au Golfe,  celui du Saint-Laurent, celui de mon enfance. Le Golfe tout près du petit village de Clarke-City, de l'école Saint-Antoine-de-Padoue, des petites Franciscaines de Marie, du terrain de balle molle, du restaurant à patates frites derrière la maison des Dionne. Le Golfe Saint-Laurent qui longeait la plage Sainte-Marguerite avec son côté salé et son côté d'eau douce. Et là, plus je tirais, plus le chapelet des souvenirs s'étiraient...

En fin de semaine, il y avait le golf, le Golfe et le 45ième anniversaire de mariage de mon parrain et de ma marraine avec sur la table l'album mémorable de cette grande journée. Comme le dernier chapitre de la recherche du temps perdu de Proust: le temps retrouvé avec les personnages qui se dédoublent entre le présent et le passé.

Le camping de Granby a un quartier nord-côtier avec presque autant d'expatriés qu'il a encore de natifs vivant dans le village d'antan. La table bleue s'étirait pour permette à une quarantaine de convives de savourer la pizza et d'échanger sur le temps qui passe. Je suis une grande nostalgique, un héritage paternel, cette journée de golf a fait ressortir mes racines de la côte-nord du St-Laurent, là où la bouche ouverte, là où l'eau devient salé avant d'être avalé par la mer.


mercredi 6 mai 2015

Souvenirs de Blackwood

Par Josée

Été 2006, déjà une semaine que nous sommes ma fille et moi à Blackwood au coeur d'Acadia National Park dans le Maine.  J'ai encore de la difficulté à relaxer, il y a toujours au fond de moi la vie trépidante de la ville qui me hante. Il est difficile d'accepter de ne rien faire, de se mettre sur pause et de ne pas trop planifier d'activités.

En ville je me réveille tous les jours vers 5h30-6h00, parfois 7h00 la fin de semaine. Ici, bien que je me couche à 22h00, je ne me réveille pas avant 8h00 et là, je dois me retenir pour ne pas réveiller ma fille avant 10h00. Nous dormons si bien, la nuit est fraîche et seuls nos nez dépassent de nos sacs de couchage. Moi qui utilise des dizaines de papiers mouchoirs au lever pour combattre mes allergies, je me réveille tout en douceur. La pollution se résume au feu de camp que chaque famille fait avant d'aller dormir. Même les voitures sont inutiles, à l'entrée du site, un autobus vient vous chercher vous et votre vélo et vous dépose partout dans le parc gratuitement.

Pas de téléviseur, ni d'ordinateur, ni de cellulaire intelligent, juste le plaisir de parler en lavant notre vaisselle en famille. Nous avons avec nous un immense sac rempli de livres et ma fille a pris l'habitude d'aller lire assise sur la branche d'un gros arbre près de notre tente. Les jours de pluie, nous partons pour Bar Harbour dans un petit café où l'on nous donne accès à de nombreux jeux de société. Nous accumulons des dizaines d'heures de Monopoly. Sinon, nous partons à la découverte du nombre impressionnant de recettes à base de homards dans les menus des restaurants de la place: pâtes, crêpes et même de la crème glacée.

Et puis, sans même nous en rendre compte les vacances prennent le dessus et la paix nous submerge.




dimanche 12 avril 2015

Les rituels du dimanche

Par Josée

Dans les premières années de ma vie, le dimanche impliquait de s'habiller chic et de se rendent avec ma famille à l'église. La petite fille que j'étais, connaissait par cœur les répliques du "Prions en Église. J'ai chanté dans la chorale, servie la messe et à mon insu, emmagasinée une grande partie du Nouveau Testament.

Aujourd'hui, je me considère comme athée, pourtant je ne peux pas renier ma culture catholique. Je regrette les rassemblements sur le parvis de l'église, cette mise à jour sincère de la santé de ses voisins, des naissances, des décès. J'ai la nostalgie de cet esprit de communauté, des dîners qui suivaient chez mes grands-parents maternels, de l'après-midi cinéma dans l'église transformé en gymnase, des soupers chez mes grands-parents paternels. Je m'ennuie de ce chaud cocon sécurisant qui empêchait la solitude ou le désespoir. 

Le Québec des années 70, en rejetant la religion catholique a rejeté l'entraide sociale et malheureusement tous les filets sociaux gouvernementaux ne remplaceront jamais la puissance des liens humains sympathisants et sincères.


vendredi 6 mars 2015

Déracinement ou exil

Par Josée

Être natif des régions éloignées implique qu'un jour ou l'autre l'idée du déracinement soit évoquée. Mon père a été confronté à la chose alors qu'il était tout jeune. À l'époque, lorsqu'un étudiant masculin démontrait des aptitudes académiques hors du commun, les communautés religieuses tentaient de le convaincre qu'il avait LA vocation. Mon père aura eu la chance d'avoir mon grand-père qui refusa d'offrir son deuxième fils au dicta catholique en payant lui-même les frais de scolarité. C'était je l'imagine, une certaine pression d'assumer ce privilège et de devoir partir si jeune partir avec sa petite valise pour le pensionnat du Collège classique situé à Hauterive. En plus, de laisser ses parents, il se séparait de ses quatre frères et sœurs et de toute la communauté de Clarke-city. À l'époque, la route 138 ne se rendait pas à Sept-Iles et seule la voie maritime du Saint-Laurent permettait de se rendre à Hautrerive. Pour un jeune adolescent est-ce que ceci représentait l'aventure ou l'exil?

À mon tour à l'âge de 12 ans, j'ai quitté ma région, heureusement pour moi j'étais accompagné de mes parents et de ma sœur et comme ce changement de ville m'était présenté positivement j'éprouvais un certain enthousiasme.  De toute façon, il était clair que si je n'avais pas quitté à cet âge, j'aurais dû le faire seule à 19 ans pour poursuivre mes études universitaires. C'est le lot de beaucoup de jeunes étudiants. Cependant, le fait de partir avec toute ma famille rendait la chose plus définitive. Notre déménagement à Québec nous déracinait. Longtemps j'ai senti la nostalgie habiter mes parents, mon père après quelques coupes de vin pleurant au téléphone en entendant la voix d'une de ses sœurs. Nous qui avions beaucoup voyagé pendant mon enfance n'avions plus qu'une seule destination-vacances: Sept-Iles. Et puis, notre maison s'est transformée en Gite du passant, tant mes parents étaient heureux d'y accueillir la famille et les amis.

Je me souviens de ces retours au bercail les premières années.  Nous partions après le travail et arrivions au début de la nuit chez mes grands-parents, qui nous attendaient comme on attend l'enfant prodigue. Des invitations à déjeuner, dîner et souper; j'étais étourdie par cette ronde infernale. Moi qui entrais doucement dans l'adolescence, je cherchais désespéramment ma bulle. C'était difficile de définir son identité lorsque l'on n'est pas encore de Québec et plus vraiment de Sept-Iles.  Et nos départs accompagnés des larmes de cette famille bécoteuse et unies malgré les kilomètres qui nous séparaient.  

Il me semble que ce n'est qu'à notre arrivée à Montréal en 1985, que l'acceptation de ce déracinement s'est fait, après 5 ans et plus de 1000 km qui nous séparaient de nos racines.

Des racines c'est ancré profondément 

*Image tirée de la collection de Jeanne Pichette, artiste en art visuel


****N'hésitez pas à laisser des commentaires sur le blogue.

jeudi 5 mars 2015

C'était avant...

Par Josée

Les neuf premières années de ma vie, j'étais enfant unique. Qui plus est, j'étais dans une portion de la Route 138 où les enfants étaient peu nombreux. Ma grande solitude de l'époque m'a obligée à inventer des jeux à un personnage. Parmi mes jeux préférés, il y en avait un qui alliait écriture et dessin. Je créais des bandes dessinées sur de grands rouleaux de papier. Une fois l'histoire terminée, je l'enroulais entre deux crayons de bois que je disposais de part et d'autre d'une boîte trouée sur le devant: c'était mon téléviseur animé. Cela me changeait de Radio-Canada, le seul poste que nous arrivions à syntoniser sur le gigantesque Toshiba, dans son immense meuble de bois brun foncé.

Ou encore, je m'installais devant les deux grandes fenêtres du salon et je faisais l'inventaire des voitures qui passaient, pas les modèles, uniquement les couleurs.  Le rapport décrivait par exemple qu'entre 9h00 et 10h00, j'avais aperçu 4 autos blanches, 6 bleus, 5 rouges... Il est probable que le décompte aurait été plus excitant après 16h15 alors que les travailleurs de la Wabush Mine rentraient à Sept-Iles après le travail.

Ce que j'aimais particulièrement c'est quand je voyais arriver la voiture des Lejeune, les amis de mes parents. Lorsque j'ai eu 4 ans, elles étaient déjà 4 filles, lorsque j'ai eu 8 ans elles étaient 5. Quelle chance elles avaient. L'ennuie chez eux n'existait pas, comme je les enviais. J'espérais toujours que nos parents acceptent d'en laisser une dormir chez moi. Avec elles, il y avait quelques jeux dont je me souvienne dont les Barbies. Je sortais mon avion rempli de poupées filles et de quelques garçons, nous faisions une immense montagne avec leurs vêtements et accessoires et nous formions un cercle autour. Par la suite, chacune choisissait à tour de rôle un élément, nous en avions pour au moins une heure à distribuer les choses. Nous avions à peine commencé à jouer que déjà leur mère entrait dans ma chambre et disait: "Habillez-vous les filles, on s'en va".

Une fois qu'elles étaient toutes habillées, les parents poursuivaient leurs interminables discussions à la cuisine. Nous en profitions pour nous faufiler au salon. Chacune se trouvait un siège et là, j'allais chercher le réveille-matin dans la chambre de mes parents que je plaçais bien en évidence.  À chaque fois que le réveille changeait de chiffre, nous changions de place, une chaise musicale nouveau genre.

C'est fou ce que nous pouvions nous amuser avant l'arrivée des jeux électroniques!


De gauche à droite: Sonia Boudreault, Sophie Dionne, Lison Lejeune, Rolande Lejeune, Corinne Lejeune, Josiane Lejeune, Marco Vigneault et la mignonne qui souffle les chandelles c'est moi.


Ainsi font, font, font, les petites marionnettes

Par Josée

À l'époque, mon ado était encore une fillette.  Je ne me rappelle plus très bien si l'hiver précédent avait été particulièrement long ou si j'avais été paresseuse, mais j'avais fait remplacer mes pneus d'hiver en juin juste avant notre départ pour la Côte-nord. Nous avions prévu un voyage de deux semaines: quelques jours à Sept-Iles sur la plage Sainte-Marguerite, les îles Minquan, Natashquan au bout de la Route 138 et ensuite le retour à Montréal.

La première partie du voyage s'était plutôt bien déroulée et le samedi matin, moi et ma fille embarquions dans l'auto pour se diriger vers Mingan. Nous étions rendues un peu à l'ouest de Rivière-aux-Tonnerres quand un bruit étrange et plutôt dérangeant se fit entendre du côté passager arrière du véhicule. Je n'hésitai pas un instant et m'arrêtai au garage du village me disant que c'était probablement une denrée rare dans les environs.  Ce fut le pompiste qui me reçut et m'informa que le garagiste était parti à un mariage et ne serait pas de retour avant le lundi matin. Malgré son jeune âge, je lui expliquai la situation et tous les deux, nous en arrivâmes à la conclusion qu'il y avait un problème avec un de mes "bering" de roue et qu'il serait imprudent de reprendre la route.

Nous fîmes contre mauvaise fortune, bon cœur et j'installai la tente dans le petit camping au bord de la mer. Nous étions seules dans un grand champ sans arbre, bien que la température était belle, il y avait constamment un petit vent et cela sentait bon l'eau salée. Nous nous lançâmes à la découverte des lieux.  Tout d'abord une petite chapelle magnifique, toute en bois blanc et bleu, comme la sainte-vierge. Dans le petit cimetière à côté, il y avait plein de pierres qui portaient mon nom de famille, c'était paisible. Le soleil qui cherchait doucement à embrasser la mer donnait des couleurs magiques au ciel. J'étais au bout du monde avec ma fille et j'avais presque l'impression de communiquer avec Dieu, comme s'il nous avait fait un clin d’œil pour nous arrêter dans un si bel endroit.

Nous nous promenions sur les rochers du bord de mer et découvrions des bassins creusés par l’érosion, ils étaient remplis d'eau, de végétaux marins et parfois même de petits poissons, un beau terrain de jeu pour une petite fille de la ville. Nous préparâmes un feu avec du bois de grève et puis nous couchâmes sous la tente, enchantées par cette journée imprévue.

Pendant la nuit, le vent du large frappa sur ma tente et me réveilla. Je sortis pour m'assurer que les piquets étaient toujours bien plantés dans le sol un peu mou de ce champ qui ressemblait beaucoup à une plage. Le ciel était en feu: violet, bleu, vert, des millions d'étoiles et des marionnettes qui dansaient...Des aurores boréales. Quel tableau! C'était moi la fillette sur le perron de notre maison du Canton-Arnaud avec mon père et ma mère et nous chantions: Ainsi font, font, font, les petites marionnettes... Je réveillai ma fille pour partager ce moment d'exception.

Le lundi matin, j'étais au garage à huit heures et après un petit tour avec ma voiture, le garagiste m’annonça que les écrous de la roue arrière n'étaient pas suffisamment serrés et que dans cinq minutes nous serions prêtes pour reprendre la route.




mercredi 4 mars 2015

De l'eau salée dans les veines

Par Josée

Nous descendons le long du fleuve Saint-Laurent jusqu'à sa bouche ouverte*. Moi la plus urbaine des montréalaises, celle qui a échangé son auto pour une "Communauto", qui adore manger dans les restos branchés, qui préfère les salles de cinéma au confort du cinéma maison, je sens l'eau salée monter dans mes veines. Des racines sortent de mes pieds pour m'ancrer bien solidement dans ma terre natale, je me transforme en nord-côtière.

Le traversier de Tadoussac complète ma métamorphose, même si nous sommes encore à 500 km de notre destination, je cesse d'être une montréalaise. Ce phénomène m’épate toujours quand je pense que je n'ai passé que le quart de ma vie sur la Côte-Nord. Je l'ai pris souvent ce traversier, dans toutes sortes de circonstances, pour toutes sortes de raisons, mais à toutes les fois je n'ai pu qu'admirer cette nature grandiose.  Lorsque l'on parle des femmes et des hommes forts de la Côte-Nord, cela vient de là, nous sommes faits de roc et de grande marée.

Nous arrêtons manger au Danube bleu de Forestville, les nouilles chinoises sont des fusillis et non des macaronis, c'est signe que nous sommes de retour chez nous. Le mélange de sauce soya et de côtes levées me ramène directement à l'enfance. J'aurai bien choisi le moment de mon séjour à Sept-Iles puisque c'est cette fin de semaine que le mythique Jardin oriental servira ses derniers clients.

Sept-Iles, où habite une population plus blanche que blanche, où le mélange des races implique obligatoirement les autochtones, où une famille de noirs est une attraction et encore plus une famille d'asiatiques. Les accommodements raisonnables n'ont pas de sens dans la région. Nous nous chicanons gentiment avec les amérindiens, mais au fond, nous jouons à leur bingo et plusieurs de nos hommes connaissent aussi bien les bois qu'eux. Nous sommes plus proches d'eux que de nos cousins français.




*Jusqu'à sa bouche ouverte, une expression charmante empruntée à Hubert Aquin dans l'invention de la mort. 

mardi 3 mars 2015

L'odeur du pain

Par Josée

L'inspiration pour écrire arrive souvent comme un très long ruban, quand vous tirez dessus, il en ressort un chapelet de souvenirs. Pour Proust, c'était l'odeur des madeleines, qui l'avait replongé dans le souvenir de sa grand-mère, c'était un long ruban qui contenait l'oeuvre d'une vie en 3000 pages. Moi ce matin, c'est l'odeur du pain de ménage que fabriquait ma belle mémé Desneiges. Je me suis levée en manque de cette odeur.

Elle en faisait habituellement une fois par semaine, c'était bon et tellement réconfortant. Elle m'en coupait une grande tranche et mon pépé Johnny me la faisait cuire sur une grille qu'il déposait sur le rond du poêle. Quel régal! Il y avait là-dedans un ingrédient que l'on ne retrouve pas chez aucun boulanger: l'amour maternel. 

Elle m'offrait pour agrémenter le toutes des confitures de plaquebières ou de graines rouges, selon la saison et sortait un gros bloc de fromage kraft orange. Et puis, elle me versait de l'eau chaude sur une poche de thé Salada, que je buvais accompagné de sucre et de lait.

Je ne l'ai pas revue depuis presque deux ans, ma bonne mémé bonne comme du pain de ménage. En fait, la dernière fois que je l'ai vue, elle n'était déjà plus là, la maladie avait commencé à lui retirer sa dignité.

Paradoxalement, pour entrer à la résidence de personnes âgées de l'hôpital de Sept-Iles, il faut passer par le département de la maternité, un voyage accéléré à travers la vie. Je suis entrée dans sa chambre et j'ai cherché au fond de ses yeux la femme extraordinaire qu'elle avait été.  Elle a toujours représenté pour moi le symbole de la maternité, de la douceur et de la générosité. Elle m'a regardée et m'a chicanée tendrement: "Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vue". Lorsqu'elle m'a serrée dans ses bras j'ai cru entendre dans sa tête: "Mon Dieu, c'est probablement la dernière fois".

Elle s'est mise à pleurer.  Je l'a reconnaissais en scrutant le fond de ses yeux, pourtant la mort avait déjà commencé à prendre possession de son corps.  Pour la première fois de sa vie, ses joues étaient rondes au point où ses lunettes traçaient un sillon sur le côté de son visage enflé.  Contrairement à la plupart des personnes en fin de vie, au lieu de maigrir, son corps s'arrondissait, gloutonne tel un enfant qui n'a pas encore appris les règles de nutrition.  Elle avait enfin le droit de manger tout ce qui lui avait toujours fait envie: côtés levées, poissons panés, crème glacée, chocolat.

Sa conscience était enfin tranquille.