lundi 16 novembre 2015

Le plus noir des vendredis 13

Par Josée

Comme la plupart d'entre vous, je suis triste. Ma mémoire vient encore d'enregistrer une date funeste: vendredi 13 novembre 2015, tuerie à Paris.  Elle vient s'ajouter aux  8 mai 1984: Assemblée nationale du Québec, 6 décembre 1989: Polytechnique, 11 septembre 2001: Wold Trade Center, 13 septembre 2006: Collège Dawson et 7 janvier 2015: Charlie Hebdo.  J'ai tenté de restreinte ma contamination à la dépression collective en limitant ma consommation médiatique, comme si mon cœur ne pouvait plus absorber une autre si horrible nouvelle. Mais cela sert à rien j'y ai pensé sans arrêt.  

J'ai essayé de me consoler par la solidarité mondiale, par la manifestation de tapisserie bleu, blanc et rouge sur les réseaux sociaux, j'ai été un peu apaisée par le mot clique #PorteOuverte, des gens qui ouvraient leur porte à des étrangers dans le but de les protéger contre d'éventuelles fusillades. J'ai eu les larmes aux yeux en revoyant Patrick Pelloux, celui-là même qui a perdu ses amis de Charlie Hebdo et qui cette fois coordonnait les soins hospitaliers d'urgence.

J'ai mal et j'ai peur. Mon esprit est tourmenté par l'image de ces corps enveloppés de draps blancs sur les pierres froides de Paris, sur les images de ces hommes et ces femmes qui pleurent leurs proches. Et là, vient se superposer une autre image, celle du petit Alan Kudi, étendu sans vie sur cette plage et l'image de ce père qui pleure. Et mon esprit s'emballe sur d'autres chiffres encore plus terrifiants, plus de 300 000 morts depuis le début du conflit syrien. Plus de 2000 migrants morts entre janvier et août 2015 dans des bateaux de fortune. 

Et j'ai encore plus peur, parce qu'à la suite des attentats de Paris j'entends des voix qui s'élèvent contre la promesse du gouvernement fédéral d’accueillir 25 000 réfugiés syriens comme si une vie n'en valait pas une autre. D'un côté la porte ouverte, de l'autre le cœur qui se ferme. J'ai peur à la courte logique qui dépeint tous les musulmans comme des radicaux. J'ai peur que la vengeance soit encore plus atroce.  




dimanche 15 novembre 2015

C'est ta fête !

Par Louise

Au Québec, dans la ville de Drummondville, en l'année 1935, le 15 novembre, Rosalia Boutin, femme d'Adélard Savoie, mit au monde un tout petit mignon garçon (bien que ma mère n'était pas encore née à ce moment-là, elle affirme qu'il était le plus beau bébé de la famille ... on va la croire pour le plaisir de l'histoire !). Quatrième enfant de la fratrie, deuxième fils, il va s'appeler Laurier, dira Adélard. En ce jour, 15 novembre 2015, le petit Laurier a maintenant 80 ans ... !

Qu'est-il devenu depuis ce jour mémorable ?

Dès ses 15 ans, il rejoint le monde du travail et quitte ses études pour apporter de l'eau au moulin. La fratrie est maintenant composée de 7 frères et 3 soeurs. L'aide financier est donc nécessaire. Comme toutes les familles québécoises de l'époque, les plus vieux avaient la responsabilité d'ajouter quelques pièces de monnaie dans le budget familial pour subvenir aux besoins de plus en plus pressants.

D'un emploi à l'autre, d'une année à l'autre, Laurier a rencontré une belle grande brune, bien enrobée comme il aime. Leurs échanges ont débutés tout près de l'abreuvoir au travail, à l'usine Dennison à Drummondville. Trop romantique ... ! Il lui disait des balivernes, juste comme ça, simplement pour être gentil, charmant, drôle et très très attirant pour sa belle Lise. Tout est maintenant en place pour le début d'une aventure ... parfois romanesque et très souvent passionnée. Faut les connaître pour savoir qu'à eux deux, ils font la paire et que la passion, dans tous les sens du mot, dans les travers comme dans les bons moments, était semée tout au long du parcours de leur vie commune. 

Bien sûr, qui dit passion dit aussi heureuse continuité, ils leurs faut un moment exemplaire, inoubliable et marquant. L'union de leur amour aboutira à une et puis à une autre naissance, celles de leurs deux filles. Laurier sera à partir de ce moment, l'homme de Lise, mais aussi l'homme de ses filles.

Eh oui, vous avez bien deviné, chères lectrices et chers lecteurs, ce ''tout petit mignon garçon'' est mon père, l'homme de ma vie. Celui-là même qui a aujourd'hui 80 ans et crois-moi c'est pas rien !

Je voudrais donc profiter de cette tribune, ce média, ce blogue pour signifier en toute sincérité que j'aime de tout coeur mon père, cet homme unique que la vie m'a si gentiment donnée. C'est avec un bonheur grandissant que je peux affirmer qu'il est l'homme le plus important de ma vie.

Je voudrais te remercier profondément pour toutes ces années passées près de toi, papa. Comment pourrais-je oublier ces moments uniques vécus avec toi, papa ? Te rappelles-tu le jour où, dans le noir de la salle de bain, atteinte à ce moment-là du versus de la rougeole qui m'obligeait à rester dans l'ombre, tu m'as écouté te dire que quand il pleut, Jésus est triste et quand il neige, Jésus est en colère ? Moi je me rappelle ! Te souviens-tu le jour où nous avons visité l'Université de Montréal, spécialement la faculté de médecine ? On a rencontré le Dr, Hans Seley, pionnier des études sur le stress. Tu voulais que je sois médecin, mais moi j'ai aimé la vie plutôt ! Il y a deux ans, j'ai monté à nouveau ces escaliers menant à la porte de la faculté de médecine de l'Université de Montréal et cette fois, j'allais chercher cette maîtrise qui aurait pu, peut-être, nous amener à cet aboutissement tant attendu pour toi. Tout en haut des escaliers, portant un regard sur cette ville, Montréal, que j'adore, j'ai eu quelques larmes me disant tout bas que je pourrais enfin t'offrir ce moment, cet espoir que tu attendais depuis tant d'années, mais la vie, ma vie en a décidé autrement ! ...
 
Tu as su être un très bon père pour moi, le meilleur et un formidable grand-père pour mes enfants, tes petits-enfants, Roxanne et Gabriel. Il faut que tu saches que ce que je suis aujourd'hui, c'est grâce à toi. Ce que tu es, tes conseils, ton écoute, ton amour ont créé cette personne que je suis intégralement devenu, au fil de toutes ces années passées à tes côtés. Et j'en suis fière car, être ta fille est simplement un bonheur, infiniment ... 

Je t'aime papa ! Tendrement ...

Bon anniversaire, mon petit papa !
Surtout, amuse-toi papa, auprès de tes amis Snow Birds, en Floride, cette Floride que tu aimes tant !



mardi 10 novembre 2015

Montréal, comme un ancien amant

Par Josée

À chaque matin de la semaine, je quitte mon lit chaud et douillet des Montérégiennes pour me diriger vers toi. Tu sais te faire attendre, je t’aperçois au loin et je t'espère. Et soudain, du haut du pont Jacques-Cartier, tu m'apparais dans toute ta splendeur. Le soleil levant de l'automne te rend irrésistible. Dieu que tu es beau!

Ce matin encore j'étais bouche bée. Lorsque j'ai croisé la sortie pour l'île Sainte-Hélène mon cœur battait la chamade et j'ai eu envie de reprendre notre histoire. J'adore ton mélange de verdure et de béton, tes allures de mauvais garçon. J'aime ta prestance, ta longue chevelure bleue, ton monticule orné de sa croix, tes édifices telles des médailles accrochées à ton portail. Voilà! Je suis à nouveau amoureuse.

Et nous nous retrouvons, je suis remplie de tes promesses. Et puis soudain, je me rappelle. Tu n'as pas changé. À peine descendue du pont, je m'enfarge dans tes cônes orange, dans tes lumières désynchronisées, dans tes pauvres que tu maltraites.

Comment peux-tu te laisser aller de cette manière? Bouge toi! Réveille! N'attends pas que toutes les jolies filles te quittent où tu te retrouveras vieux garçon, parce que les vieux bums c'est moins séduisant.

  

lundi 2 novembre 2015

40-68

Par Josée

Vendredi dernier, souhaitant briser la solitude je me présente dans un souper rencontre de mon nouveau quartier. On annonçait que cela s'adressait au 40-68 ans, alors puisque j'ai la mi-quarantaine, je pensais trouver mon compte. À mon arrivée, je constate que la moyenne d'âge dépasse largement les 60 ans. Puisqu'il était tôt je me dis que la patience payera. 

La soirée débute par une activité brise-glace: danse en ligne. Je reste un peu à l'écart me disant qu'avec un peu de chance d'autres invités plus jeunes arriveraient plus tard. Un homme avec la tête complètement blanche vient me voir avec une carte à jouer.  En effet, à l'entrée les organisateurs distribuaient des cartes à jouer, un paquet pour les hommes et un paquet pour les dames, une fois ton semblable trouvé, tu devais te présenter à la table d'accueil où on te remettait un billet pour le tirage d'une bouteille de vin. Je me suis mise à chercher timidement l'autre détenteur du valet de cœur, heureusement j'ai rapidement terminé cette tâche et le papi propriétaire de la carte n'a pas trop insisté pour que l'on discute.

Enfin, j'aperçois au loin un homme avec des cheveux fournis et foncés, alors je tente ma chance, lui tend la main pour me présenter. La couleur semble un peu surfaite et j'ai la désagréable impression que c'est de la teinture. Deux autres personnes se joignent à nous et nous commençons à parler de l'élection de Justin Trudeau.  Tout le monde sait qu'il ne faut pas parler politique à moins d'être sûr, sans l'ombre d'un doute, que tous sont du même opinion. Naturellement, un  des homme nous annonce qu'il est chasseur et qu'il a voté pour Harper parce qu'il est contre le registre des armes à feu. J'oublie de me tourner la langue sept fois avant de parler et lui dis que je fréquentais l'Université de Montréal lors de la tuerie à la Polytechnique et que je ne suis pas du tout de son avis. Vous imaginez le froid dans la conversation.

Vint le moment de passer à table. L'animatrice demande à toutes les femmes d'aller s’asseoir. Je tente sans succès de trouver une seule femme de moins de 55 ans, me disant que je pourrais peut-être avoir une amie à table... rien à faire. À la suite, les hommes devaient s'asseoir avec nous.  Je me retrouve à ma gauche et à ma droite, avec deux hommes qui auraient pu être mon père. Comble de malheur, la plus jeune des femmes, mise à part moi, à notre table (elle devait avoir un peu moins de 60 ans) décide de changer de table. Les deux autres femmes qui frôlaient les 70 ans se mettent à dialoguer avec leur cavalier respectif...aucune discussion de table! 

Les deux Sugar Daddy voyant dans ma face qu'ils n'avaient aucune chance avec moi, s'emmurent dans le silence: super malaise. J'en pouvais plus, après avoir rapidement avalé le potage, je m'excuse, me lève discrètement et m'enfuie par la première porte.

Quelle soirée! Heureusement que le ridicule ne tue pas.