vendredi 30 octobre 2015

L'observateur du troisième - Chapitre 16: L'histoire d'Eugénie

Par Josée

Cela m'a fait un choc lorsque j'ai vu les ambulanciers chez Eugénie. Ils ont tenté de la réanimer pendant au moins 15 minutes mais c'était peine perdue, son triste corps inanimé s'était déjà vidé d'elle-même. Une vie de tristesse qui s'envolait dans l’indifférence. Bien que celle-ci ait passé des années de solitude sur sa vieille banquette en cuir rouge, les badauds s'étaient rassemblés pour défier la mort, comme si après tant d'années on remarquait enfin sa présence.

Ils étaient tous là, la belle Alicia, plus mince et un peu moins fière qu'avant, Paule et Paula qui étaient sorties pour l'occasion de leur piaule avec quelques-unes de leurs filles et même ma belle Esther qui tenait le bras de sa loyale nounou. Il y avait aussi le gérant du dépanneur qui pleurait la perte d'une si lucrative cliente et le propriétaire de l'immeuble qui lui ne semblait pas si malheureux à l'idée du départ d'Eugénie. Ce dernier se disait qu'après une petite cure de rajeunissement de l'appartement, il pourrait assurément signer un nouveau bail avec quelques centaines de dollars d'augmentation par année.

Ils ont dû faire venir une équipe supplémentaire pour la monter sur le lit roulant et une fois là, ce n'était pas gagné, les pneus se déformaient sous son poids, les pauvres ont travaillé fort avant de refermer les portes jaunes. L'ambulance est repartie avec son chant sinistre et ses lumières clignotantes, l'inverse de ce qu'avait été la vie sans éclat de ma petite chose rose.

Alicia s'est approché d'Esther et je les ai vues discuter. Alicia semblait désemparée et Esther l'a pris dans ses bras. Elle caressait sa longue chevelure brune et je voyais les épaules de la plus jeune tressauter. Après un moment elles sont parties vers la rue Ontario ensemble. Paule et Paula n'aimaient pas trop la formation de ce nouveau couple puisqu'elles voyaient en Alicia une nouvelle recrue pour la piaule.

Le spectacle étant terminé, chacun a regagné son petit train-train quotidien.



mercredi 21 octobre 2015

Je n'ai pas voté pour Justin Trudeau

Par Josée

J'y ai pensé jusqu'à mon entrée dans le bureau de scrutin. C'était la première fois que j'étais aussi indécise. J'étais assez séduite par sa façon keynésienne d'entrevoir l'économie. À mon avis, le gouvernement doit faire contrepoids lorsque l'économie stagne, l'offre et la demande ne suffisent pas toujours à équilibrer. Je déteste cette aura négative qui flotte autour de l'économie canadienne. C'est pas vrai qu'un bon père de famille doit toujours serrer les cordons de la bourse, parfois quand dans la famille tout le monde est triste, il faut piger dans la réserve et aller fêter. Lorsque l'on est plus joyeux cela donne le goût de se retrousser les manches et de travailler plus fort.

Justin Trudeau est arrivé avec son halo de positivisme, il n'a pas fait une campagne de dénigrement ou de division comme d'autres. On lui a reproché sa jeunesse et son manque d'expérience, c'est peut-être grâce à cela que sa campagne était différente. C'est vrai, qu'il est le fils de l'autre et cela ne fait pas l'unanimité au Québec. Il est né un jour de Noël au 24 promenade Sussex, difficile de tremper plus dans la politique quand l'Histoire se passe dans ton salon. Il y a aussi pire pour s'ouvrir sur le monde que d'accompagner son père dans des voyages diplomatiques et d'y rencontrer les grands de ce monde.

Il est là depuis un jour et il me semble que les choses ont déjà changé. Trudeau débute son mandat au métro Jarry à serrer des mains et à remercier les gens: belle image médiatique, presque candide. Mais c'est mieux sa main tendue que la main fermée de Stephen Harper. L'époque de la terreur journalistique est terminée, Trudeau s'est adressé aux médias au Théâtre national de la presse à Ottawa, une tradition perdue depuis une décennie. Souhaitons qu'il continue à honorer sa promesse d'être à l'écoute des citoyens du Canada. "C'est le Kennedy canadien" disent déjà les médias étrangers, fils de Pierre et de Margaret.  Et alors! Si cela permet de regagner l'estime perdue depuis 10 ans et de me rendre plus sympathique  quand je présente mon passeport.

Je n'ai pas voté pour Justin Trudeau par hasard. J'étais indécise jusqu'à la dernière minute, puis lorsque je suis entrée dans le bureau de scrutin, j'ai croisé la candidate du NPD qui venait elle aussi voter. C'était la première fois que je la rencontrais et je me suis rappelée que cet été, lorsque j'ai eu des problèmes à Prague avec mon passeport, son équipe m'a permis d'accélérer le processus. 

Je n'ai pas voté pour Justin Trudeau mais j'aurais pu...


vendredi 16 octobre 2015

Dernière fin de semaine de réflexion

Par Josée

Si vous n'avez pas voté par anticipation, il vous reste la fin de semaine pour décider à qui vous accorderez votre confiance pour vous représenter au sein du gouvernement canadien. 

Cette élection a quelque chose de particulier pour moi, puisque que c'est la première fois que ma fille a le droit de vote. Je vous l'avoue j'étais émue lorsque nous sommes allées voter par anticipation vendredi dernier. Je suis quelqu'un de politisée et je souhaitais lui transmettre cette valeur. Durant cette longue période électorale j'ai tenté de l'intéresser à la chose l'obligeant à écouter les nouvelles à la radio lors de nos trajets en auto vers le Cégep.  Nous avons également écouté ensemble un des débats francophones et j'ai répondu à ses questions le plus objectivement possible. 

Lorsqu'elle est entrée dans le bureau de vote je lui ai expliqué comment les choses se dérouleraient. À ma grande joie, j'ai vu dans ses yeux l'importance qu'elle accordait à ce petit geste. J'ai en tête de nombreux souvenirs électoraux certains plus joyeux que d'autres mais je n'ai jamais manqué ce rendez-vous.  Ce geste n'est pas anodin, il légitime votre droit d'émettre votre opinion sur la façon qu'auront les élus de s’acquitter de leurs fonctions après le 19 octobre. 

Peut importe à qui vous choisirez d'accorder votre confiance: allez voter.  Ce n'est pas qu'un droit mais aussi un devoir. Malgré les imperfections de notre système politique, il est démocratique et prend toute sa justesse quand les citoyens expriment leur opinion par le vote.


mercredi 14 octobre 2015

Chronique futile

Par Josée

Vous rappelez-vous lorsque pour boire un café on faisait bouillir de l'eau auquel on ajoutait une cuillère de café instantané, une grande lampée de lait et une grosse cuillère de sucre? Le dit café se buvait en ce temps dans une tasse de la collection Texaco assis dans la cuisine en déjeunant. J'avais cette réflexion ce matin en constatant le dernier ajout de Starbucks: le bouche-trou. J'imagine que par souci publicitaire le truc en plastique a un nom moins imagé. À une époque où nous sommes si préoccupés par les questions environnementales ne trouvez-vous pas que la marchandisation du café a quelque chose de contradictoire?

Après avoir abdiqué le verre en styromousse, nous somme passés au verre en carton. Celui-ci étant de plus en plus mince, les consommateurs se sont plaints de se brûler les doigts.  Alors un type ultra-brillant est devenu riche en inventant le cercle anti-brulure! Et puisque le café était tellement bon, que le consommateur l'a voulu de plus en plus gros: tall (35 cl), grande (50 cl), venti (60 cl), trenta (70cl). Naturellement comme le client aimait le café chaud, le petit trou percé dans le couvercle représentant une perte de chaleur évidente est devenu un problème. Alors un autre type, tout aussi brillant, a réfléchi à la question et a créé un petit bâton qui recouvre le trou empêchant la fuite de chaleur. Et puisque l'on parle de marchandisation, nous ne pouvons passer sous silence la cinquantaine de combinaisons café-lait-sirop. Il est devenu tellement complexe de commander un café que l'on a dû ajouter une série de cases à cocher sur le verre: décaféiné ou non; lait 2%, lait écrémé, soya ou crème; sirop à saveur de citrouille... 

L'autre jour, j'étais dans mon nouveau salon de banlieue, celui-ci est presque quatre fois plus grand que celui que j'avais à Montréal, j'ai commencé à trouver ma télévision de 42 pouces beaucoup trop petite. Et si je la remplaçais par un téléviseur 60 pouces et que j'ajoutais un cinéma maison...

Et puis en y réfléchissant, vive la simplicité!





vendredi 9 octobre 2015

L'Action de grâce

Par Josée

Vendredi, à la veille d'une longue fin de semaine, pour la plupart d'entre nous c'est tel que tel: un congé de trois jours. Pourtant l'Action de grâce devrait avoir quelque chose de particulier, cela devrait être un moment dans l'année pour dire merci, un temps de réflexion pour prendre conscience que notre gazon est vert et parfois beaucoup plus vert que celui du voisin. 

Je sais qu'à écouter les médias nous avons l'impression que tout va mal, mais si nous regardons sérieusement nos conditions de vie et les comparons à d'autres, nous trouvons rapidement des raisons de nous réjouir. Il suffit de penser à la crise de la Syrie pour se rassurer sur notre situation. C'est souvent une question de point de vue: notre verre peut-être à moitié vide ou à moitié plein.

Faisons un petit retour dans le passé. Au Canada, à partir de la colonisation, l'Action de grâce était l'occasion de remercier Dieu, c'était une fête qui avait lieu à différent moment de l'année aussi bien pour célébrer les récoltes abondantes que le rétablissement de la paix en période de guerre ou la guérison d'un souverain. La date n'était pas fixe et le moment pouvait varier d'une localité à l'autre. 

Après la Confédération,  la date est précisée par proclamation.  La première fois en 1872, à l'occasion de la guérison du Prince de Galle, nos ancêtres firent la fête le lundi 15 avril. Depuis 1931, l'Action de grâce est célébrée le deuxième lundi d'octobre, à l'exception de 1935 où la journée correspondant à une journée d'élection avait été reportée au jeudi 24 octobre.

De nos jours, le côté religieux et festif est moins évident mais elle demeure une fête traditionnelle très populaire chez nos voisins américains qui la célèbrent  le quatrième jeudi de novembre. On dit même que les Américains se déplacent plus pour fêter la Thanksgiving en famille que pour les fêtes de fin d'année.

Quels sont vos projets pour la longue fin de semaine? Souper en famille, randonnée en forêt, cueillette de la pomme ou de la citrouille? Avez-vous beaucoup à remercier cette année?


   


mardi 6 octobre 2015

Nous venons de dépasser le cap des 15 000 pages vues


Sans vos encouragements tout ceci n'aurait pas été possible!

Comment réduire votre stress dans les bouchons de circulation

Par Josée

En déménageant dans la Montérégie, j'acceptais d'augmenter de façon significative le temps que je passerais dans ma jolie voiture. J'ai décidé d'utiliser de façon positive tout ce temps mis à ma disposition, et de réduire le stress nocif occasionné par la conduite automobile. Je vous propose quelques-unes de mes stratégies, elles sont facilement applicables si vous possédez un téléphone intelligent qui peut être branché dans la prise audio de votre voiture. Ces propositions peuvent également être utilisées dans le transport en commun ou même à la maison.

Bien entendu, pour des raisons de sécurité vous devez mettre en fonction votre application avant de partir si vous n'avez pas la fonction main libre. 

Livres audio

Il existe une panoplie de livres audio classiques que vous pouvez télécharger gratuitement sur votre cellulaire.  Pourquoi pas vous lancez dans l'une ou l'autre des œuvres suivantes:

Vous ne devez pas vous restreindre au grand classique. Certaines bibliothèques, dont la Bibliothèque et archives nationale du Québec (Banq), vous permettent d'emprunter gratuitement une sélection de livres plus récents. Des sites comme Audible vous permettent contre un abonnement de 10 Euros mensuellement (environ 15 $ canadien) d'avoir accès à une très grande sélection de livres audio en français. Vous avez droit au départ à une période d'essai gratuite de 30 jours. Voici quelques exemples de livres disponibles:
  • Walter Isaacson, Steve Jobs, 2011
  • Bernard Werber, Les fourmis, 1991
  • Katarina Bivald, La bibliothèque des coeurs cabossés, 2013
  • Henning Mankell, La cinquième femme, 2000
  • Matthieu Ricard, l'Art de la méditation, 2008
Baladodiffusion

La baladodiffusion (podcasting) est un mode de diffusion d'émissions de radios ou de télévision qui permet de télécharger automatiquement sur votre téléphone ou tablette ou ordinateur des émissions présélectionnées que vous écoutez plus tard. Un peu comme vous faites avec Illico de Videotron.

Vous devez d'abord télécharger sur votre téléphone intelligent, une application qui gérera vos abonnements aux différentes baladodiffusions j'utilise Podcast Addict pour Android

Radio-Canada a plusieurs émissions que vous pouvez télécharger et écouter en baladodiffusion


Vous pouvez également écouter des conférences publiées sur le site de la Banq Quelques émissions télé peuvent aussi être téléchargées dans leur version audio dont celle de Bazzo.tv Je vous suggère également la chaîne Franceculture qui offre des thèmes diversifiés.

Applications musicales
Gratuitement si vous avez suffisamment de données sur votre téléphone intelligent sinon il est possible à coût raisonnable d'obtenir un abonnement incluant des fonctions hors ligne.
Voici quelques applications:


Et vous, que faites vous pour réduire le stress dans la circulation?

lundi 5 octobre 2015

Qu'attend Jean?

Par Josée

Mon immeuble a été construit en 1992. C'était parmi la première vague de condominiums de la Montérégie. C'était également la période où une génération de retraités vendait leurs grandes maisons pour acheter des condos. Il y avait l'espoir d'une longue vie après des années de durs labeurs et il n'était pas question de les passer à entretenir une grande maison, bien trop grande après le départ des enfants. C'était probablement la première génération de retraités qui ne passait pas directement de la fin du travail à la maison de retraite.

Alors dans mon grand immeuble en "L" beaucoup de mes copropriétaires sont retraités depuis le début des années 90.  C'est un peu curieux, cela change de mon ancien immeuble de Montréal habité principalement par des étudiants qui trouvant le Plateau trop cher avaient tranquillement migré vers Hochelaga.

Toujours est-il qu'il y a ce vieux monsieur, Jean, qui est toujours en attente dans sa voiture lorsque je sors de l'immeuble. Qu'attend Jean? Peut-être est-ce sa femme qui prend trop de temps à se préparer? Peut-être qu'il rêve de l'époque où il avait le loisir de s'enfermer dans son garage, son domaine à lui pour écouter la radio?  Peut-être ses enfants qui trop occupés par leur quotidien ont oublié grand-papa?

Je ne peux m'empêcher de me poser la question. Mais j'ai tout simplement peur que Jean soit assis dans sa voiture pour tromper l'ennuie parce qu'il est seul comme des milliers d'autres personnes âgées.


jeudi 1 octobre 2015

La ronde des saisons

Par Josée

Au début de la semaine, lorsque j’ai jeté un œil sur le Mont-Royal, tout était vert et voilà que ce matin la robe verte est tachetée de baies orange. Comme si des milliers de plaquebières avaient été semées sur le cœur de Montréal. Les saisons se succèdent. Hier soir, mon ado qui complétait un travail pour son cours d’art a ouvert la fenêtre pour ventiler les vapeurs de peinture. Au réveil emmitouflée sous sa confortable couette elle a découvert qu'elle était allée au lit en laissant sa fenêtre entrebâillée. Quel froid dans la maison ce matin !

Sur le chemin du travail, nous avons utilisé les sièges chauffants dans la voiture. La température baisse et les piétons accélèrent le pas. La farniente de l’été laisse place au besogneux automne avec la récolte des légumes et la mise en conserve. Je me sens submergée par des envies de bouilli de légumes et autres plats mijotés lentement qui embaumeront ma nouvelle demeure. Quelques semaines encore et les décorations de l'Halloween seront remplacées par celles de Noël. 

C’est la ronde des saisons.



P.S. La plaquebière, appelée aussi chicoutai est une plante vivace qui pousse dans le nord du Québec. Elle se cuisine entre autres en confiture (mes préférées) et est utilisé dans la confection d'une délicieuse liqueur alcoolisée en vente à la SAQ