mercredi 4 mars 2015

De l'eau salée dans les veines

Par Josée

Nous descendons le long du fleuve Saint-Laurent jusqu'à sa bouche ouverte*. Moi la plus urbaine des montréalaises, celle qui a échangé son auto pour une "Communauto", qui adore manger dans les restos branchés, qui préfère les salles de cinéma au confort du cinéma maison, je sens l'eau salée monter dans mes veines. Des racines sortent de mes pieds pour m'ancrer bien solidement dans ma terre natale, je me transforme en nord-côtière.

Le traversier de Tadoussac complète ma métamorphose, même si nous sommes encore à 500 km de notre destination, je cesse d'être une montréalaise. Ce phénomène m’épate toujours quand je pense que je n'ai passé que le quart de ma vie sur la Côte-Nord. Je l'ai pris souvent ce traversier, dans toutes sortes de circonstances, pour toutes sortes de raisons, mais à toutes les fois je n'ai pu qu'admirer cette nature grandiose.  Lorsque l'on parle des femmes et des hommes forts de la Côte-Nord, cela vient de là, nous sommes faits de roc et de grande marée.

Nous arrêtons manger au Danube bleu de Forestville, les nouilles chinoises sont des fusillis et non des macaronis, c'est signe que nous sommes de retour chez nous. Le mélange de sauce soya et de côtes levées me ramène directement à l'enfance. J'aurai bien choisi le moment de mon séjour à Sept-Iles puisque c'est cette fin de semaine que le mythique Jardin oriental servira ses derniers clients.

Sept-Iles, où habite une population plus blanche que blanche, où le mélange des races implique obligatoirement les autochtones, où une famille de noirs est une attraction et encore plus une famille d'asiatiques. Les accommodements raisonnables n'ont pas de sens dans la région. Nous nous chicanons gentiment avec les amérindiens, mais au fond, nous jouons à leur bingo et plusieurs de nos hommes connaissent aussi bien les bois qu'eux. Nous sommes plus proches d'eux que de nos cousins français.




*Jusqu'à sa bouche ouverte, une expression charmante empruntée à Hubert Aquin dans l'invention de la mort. 

Aucun commentaire: