jeudi 5 mars 2015

Ainsi font, font, font, les petites marionnettes

Par Josée

À l'époque, mon ado était encore une fillette.  Je ne me rappelle plus très bien si l'hiver précédent avait été particulièrement long ou si j'avais été paresseuse, mais j'avais fait remplacer mes pneus d'hiver en juin juste avant notre départ pour la Côte-nord. Nous avions prévu un voyage de deux semaines: quelques jours à Sept-Iles sur la plage Sainte-Marguerite, les îles Minquan, Natashquan au bout de la Route 138 et ensuite le retour à Montréal.

La première partie du voyage s'était plutôt bien déroulée et le samedi matin, moi et ma fille embarquions dans l'auto pour se diriger vers Mingan. Nous étions rendues un peu à l'ouest de Rivière-aux-Tonnerres quand un bruit étrange et plutôt dérangeant se fit entendre du côté passager arrière du véhicule. Je n'hésitai pas un instant et m'arrêtai au garage du village me disant que c'était probablement une denrée rare dans les environs.  Ce fut le pompiste qui me reçut et m'informa que le garagiste était parti à un mariage et ne serait pas de retour avant le lundi matin. Malgré son jeune âge, je lui expliquai la situation et tous les deux, nous en arrivâmes à la conclusion qu'il y avait un problème avec un de mes "bering" de roue et qu'il serait imprudent de reprendre la route.

Nous fîmes contre mauvaise fortune, bon cœur et j'installai la tente dans le petit camping au bord de la mer. Nous étions seules dans un grand champ sans arbre, bien que la température était belle, il y avait constamment un petit vent et cela sentait bon l'eau salée. Nous nous lançâmes à la découverte des lieux.  Tout d'abord une petite chapelle magnifique, toute en bois blanc et bleu, comme la sainte-vierge. Dans le petit cimetière à côté, il y avait plein de pierres qui portaient mon nom de famille, c'était paisible. Le soleil qui cherchait doucement à embrasser la mer donnait des couleurs magiques au ciel. J'étais au bout du monde avec ma fille et j'avais presque l'impression de communiquer avec Dieu, comme s'il nous avait fait un clin d’œil pour nous arrêter dans un si bel endroit.

Nous nous promenions sur les rochers du bord de mer et découvrions des bassins creusés par l’érosion, ils étaient remplis d'eau, de végétaux marins et parfois même de petits poissons, un beau terrain de jeu pour une petite fille de la ville. Nous préparâmes un feu avec du bois de grève et puis nous couchâmes sous la tente, enchantées par cette journée imprévue.

Pendant la nuit, le vent du large frappa sur ma tente et me réveilla. Je sortis pour m'assurer que les piquets étaient toujours bien plantés dans le sol un peu mou de ce champ qui ressemblait beaucoup à une plage. Le ciel était en feu: violet, bleu, vert, des millions d'étoiles et des marionnettes qui dansaient...Des aurores boréales. Quel tableau! C'était moi la fillette sur le perron de notre maison du Canton-Arnaud avec mon père et ma mère et nous chantions: Ainsi font, font, font, les petites marionnettes... Je réveillai ma fille pour partager ce moment d'exception.

Le lundi matin, j'étais au garage à huit heures et après un petit tour avec ma voiture, le garagiste m’annonça que les écrous de la roue arrière n'étaient pas suffisamment serrés et que dans cinq minutes nous serions prêtes pour reprendre la route.




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