jeudi 7 mai 2015

L'observateur du troisième - Chapitre 4: L'histoire de Normand Bouchard

Par Josée

3:33, c'est l'heure de ma cigarette, j'y ai seulement droit lorsque l'horloge indique des nombres identiques.  Il y a des jours où je n'arrive pas à fumer parce que je ne suis pas assez concentré, quand l'heure est passée, c'est tant pis pour moi. Si j'oublie de regarder l'horloge à 5:55, je dois attendre jusqu'à 11:11, j'en profite pour dormir.  La nuit, je ne dors pas, j'en profite pour fumer. Lorsque j'en grille une sur le balcon, je prends contact avec le monde qui m'entoure et l'action ne manque pas la nuit comme le jour. 

D'en haut, j'observe tel un voyeur. J'observe et je juge. Il y a eux et il y a moi.  Je ne fais pas partie de ceux qui vivent en bas, les bruyants, les paresseux, les incultes, les ivrognes, les drogués. Je suis immunisé par mes diplômes, ma grande culture, l'ouverture sur le monde que m'a procuré mes nombreux voyages à travers le monde, et puis on ne devient pas ivrogne lorsque l'on ne boit que des grands crus.

La semaine passée, les voisins du deuxième avaient décidé de laver leur linge sale sur le trottoir. Il était difficile de ne pas suivre la conversation, on aurait dit qu'il enregistrait pour une télé-réalité avec des micros cachés dans les cheveux.
-Pas question que ce soit ton frère qui soit le parrain de mon enfant!
-C'est toujours toi qui décide Tabarnak.
-Mais c'est qui, qui va être pogné avec le p'tit quand tu seras en-dedans?
Et les voisins d'à côté ne sont pas mieux. Ils vivent à peu près dix dans l'appartement. Les grands-parents, les enfants et les petits-enfants. C'est pour s'entraider et apprendre à vivre sur le B.S. L'été passé, ils ont sorti le grand-père sur le balcon avec sa chaise roulante et le vieux buvait sa bière avec une paille, il avait mal aux bras, des vrais Bougons.


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