mercredi 18 mars 2015

Le doux parfum de la lavande

Par Josée

C'était donc cela la fin: un tunnel et de la lumière.  J'avais joué au plus fin et j'avais perdu.  Je me repassais le film de ma vie avec en boucle la dernière journée, cette histoire tirée par les cheveux qui avait mal tournée.

Joëlle m'avait invité à la maison de campagne de sa famille.  Je ne pouvais pas dire non, d'autant plus que Joëlle, cela faisait un bail que je la reluquais.  Pour se rendre à la grande maison cossue, nous avions dû traverser une forêt de plusieurs kilomètres sur un chemin privé, c'était ce que le pouvait qualifier de "creux".

En entrant, il y avait une odeur de lavande qui me piquait le nez, dans le hall une petite table surmontée d'un miroir. Joëlle me fit déposer mes bagages et m'entraîna dans le salon pour me présenter à son père.  Je savais déjà que c'était un anglophone sévère originaire de l'Alberta, mais en m'assoyant dans le fauteuil situé en face de lui, je compris l'élément incongru: il portait un uniforme de l'armée canadienne et des dizaines de médailles. Derrière lui, sur le mur, dans un placard vitré était exposés plusieurs fusils de chasse, et sur la table base trônait un magnifique bouquet de lavande, ce qui expliquait l'odeur que j'avais senti dès mon arrivé. Une petite brise me soufflait dans le cou, l'air provenant d'une des fenêtres entrouverte.

Sa mère entra avec un plateau de petits gâteaux et du thé qu'elle déposa près du bouquet de lavande. C'était une femme élégante, avec les cheveux tirés en un savant chignon, elle portait un petit tablier blanc pour ne pas salir sa précieuse robe de soie. Quelle curieuse famille cachée ici en plein bois!

Soudain je sentis une douleur intense à la base du cou, suivi par une impression d'étranglement. Le bouquet de lavande avait attiré une abeille qui avait dû entrer par la fenêtre. Idiot, j'avais oublié mon EpiPen et jamais je n'arriverais à temps à l'hôpital.  Le vieux militaire avait beau avoir tous les fusils du monde pour tuer les ours et les terroristes, il ne pouvait rien contre une seule petite abeille. Je m'écroulai sur le sol entraînant avec moi la gerbe violette.  La dernière chose que je vis en fermant les yeux fût le regard effrayé de Joëlle.




2 commentaires:

Unknown a dit...

Hahah super bon maman! Bravo!

Unknown a dit...

Merci LaMissZazou ;-) Continues de me lire!