mardi 2 juin 2015

L'observateur du troisième - Chapitre 12 : L'histoire de la Piaule à Paule et Paula

Par Geneviève

Le bordel !

C'est le cas de le dire, le bordel était pris au bordel. Ça criait, ça griffait, ça se tirait les cheveux et des doigts accusateurs ornés de faux ongles étaient pointés. On était bien en droit de se demander mais pourquoi donc ? Un vol d'argent ? de bijoux ? un client insatisfait qui ne veut pas payer ? Mais non, ce genre de pacotilles arrive régulièrement et les pertes sont alors compensées par un client, souvent nouveau, toujours naïf, qui, éblouis par les belles dames qui le courtisent, ne se rend pas compte de la subtile visite guidée de ses poches et de son portefeuille.

Mais alors quoi ? Un "vol" de client ? Un client qui a décidé de changer ses habitudes, ou qui a fait une demande contre nature qui a été acceptée ? Normalement ce genre de précédent pourrait absolument créer un mini-scandale mais non, ce n'est pas cela, l'heure était beaucoup plus grave et personne ne comprenait comment cela a pu se produire. Si elles savaient les pauvres...c'était si simple et le danger était (et est encore) si proche.

Pourtant, rien n'avait changé depuis longtemps, les tenancières étant toujours les mêmes et les filles travaillaient ensemble depuis longtemps. Il y avait bien des conflits juvéniles mais rien qui méritait un tel châtiment. Les clients, triés sur le volet malgré le quartier modeste où se situait la Piaule, payaient un frais d'entrée exhorbitant (et c'était juste pour franchir la porte). La discrétion était de mise, personne n'avait un nom, juste un surnom et il n'y avait qu'un mode de paiement pour l'ensemble de la Piaule: du comptant bien sonnant payable d'avance bien évidemment. Pas de chèque, pas de carte, pas de crédit et un détecteur de faux billets dans chaque pièce de la maison.

Toutefois, c'était bel et bien arrivé et c'était l'existence même de la Piaule qui était compromise...un service essentiel selon les tenancières Paule et Paula.



Toulouse-Lautrec - Le salon de la rue des Moulins - 1894

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